09/10/2020
"Fragments & caetera, une anthologie de poésie brève", de Jacques Coly, éd. Les Deux-Siciles, 320 pages, 17,65 €
De cette anthologie de poésie brève, établie et présentée par Jacques Coly, parue aux éditions Les Deux-Siciles, chacun y retiendra pour son plaisir tel ou tel auteur - il en est ici réunis un peu plus de 300 - ses fulgurances, ses stridences, le corps du sens intime : où ce qui se dérobe attise l'attention, au-delà du chemin tracé. Pour que les mots continuent leur course en nous. Car le non-dit donne au texte nouvelle chance. Dans le sillage du signe, l'esprit prolonge et fait sien ce qui est resté momentanément en suspens.
De Louis Calaferte par exemple (1928-1994), in "Nuit close", extrait d'un recueil publié les défuntes éditions Fourbis, 1988 : "Nuit / Ongle gris // Déluge des morts".
D'Antonin Artaud (1896-1948), in "Pour en finir avec le jugement de Dieu", K éditeur, 1948 : "Il faut que tout / soit rangé /à un poil près / dans un ordre / fulminant."
A Samuel Beckett (1906-1989), in "Poèmes suivi de mirlitonnades", éd. de Minuit, 1978 : "fous qui disiez / plus jamais / vite / redites"
A Emily Dickinson (1830-1886), vers qui va depuis longtemps ma préférence, in "Poésies complètes", trad. Françoise Delphy, Flammarion, 2009 : précisément, un billet adressé à Sarah Tuckerman, l'épouse d'Edward T. (professeur de botanique d'Amhrest College), à laquelle Emily était très attachée. Écrit au crayon en 1883, il hésite entre prose et vers. Ce tercet est précédé par ces lignes : "Doux Pied - qui vient quand on l'appelle ! A présent, je ne fais qu'un Pas par Siècle -". Rappelons que le mot "pied" se réfère à la prosodie, il est synonyme, dans le langage d'Emily, de vers ou de poésie : How slow the Wind - how slow the Sea - / how late their Feathers be !"
"Que lent est le Vent - / Que lente est la Mer - / et lointaines leurs palmes !"
Par éclats, par éclairs : "une griffure de lumière" (Roland Barthes).
"Fragments & caetera, une anthologie de poésie brève", composée par Jacques Coly, éd. Les Deux-Siciles, 320 pages, 17,65 € c/o Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 Ozoir-la-Ferrière.
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07/10/2020
Sous l'arbre de vie : les quatre stades de la pensée (Daniel Martinez)
1- L'équation du passant pensant repose sur le Mythe du Phénix, dont le bec vient chatouiller à petit feu, sous la calotte crânienne, les méninges en veilleuse. Tête nue, il observe, silencieux. En quête du moment rêvé : la fusion virtuelle de l'Alpha et de l'Oméga.
2- Puis, la tête de profil : chuchotis plus que chant, le stade des Murmures administre et recense. La pensée en gésine a l'éclat froid du mercure. Le fruit du houx est une larme de sang.
3- A tire-d'ailes la pluie des étoiles vient frapper le troisième gong. Et les feuilles, et les cosses qui claquent volent leurs nuances aux mélèzes médusés.
4- La quatrième marche est l'ultime : le visage s'enfonce dans le col du pardessus, là même où des mouchoirs brodés agitent les idées dans le cornet à dés neuronal, sans fin, sans fin. DM
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"Un nombril limité d'étoiles" de Jean-Marc Couvé, éd. Les Deux-Siciles, mars 2007, 9 €
C'est le vingt-quatrième titre de la collection Poésie, des éditions Les Deux-Siciles. Le poète Jean-Marc Couvé y voit ses textes accompagnés de vingt esquisses de Peter Neu, dont celle la couverture, ici reproduite :
Les traductions des poèmes de Jean-Marc Couvé en allemand sont de son fait :
Elle paraît, l'évidence
même - même si
la femme
est cachée dans les courbes,
les replis de sa robe,
à dessein -
onduler la dévoie !
Sie scheint, offensichtlich, irgend-
wie, so wie
Die Frau
ist in den Kurven
der Rockfalten
absichtlich versteckt -
zum Irreführen wellend !
Jean-Marc Couvé
07:01 Publié dans Les Deux-Siciles | Lien permanent | Commentaires (0)