15/07/2019
Henri Bergson (1859-1941) : le poète, conçu comme un "révélateur" ; avec, en regard, une oeuvre de Corina Sbaffo
A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces. Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotions et de pensées nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle, l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révèlera. Le poète est ce révélateur.
Henri Bergson
La pensée et le mouvant, P. U. F., Paris, 1934
Corina Sbaffo
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12/07/2019
Haroldo de Campos (1929-2003) : "Yugen : Cahier japonais"
Un poète brésilien qui décoiffe, auteur des Galaxies : le plus radical des membres de l'avant-garde brésilienne des années 1920. A vous et pour vous, le plus simplement dit : je vous conseille de le lire de plus près.
Le poème qui suit a été écrit lors d'un voyage effectué au Japon en 1991. Yugen est un mot-clé de l'esthétique japonaise, traduisible par "charme subtil". Les deux idéogrammes qui le composent renvoient à "profondeur", "vague", mystère". Mais écoutez plutôt :
temple d'argent : ginkaku-ji
parmi les camélias
murs de bois
marron gris
fenêtres blanches
attendant en vain
la teinture d'argent
bois silencieux
fenêtres aveugles
main de chaux
la mer de Chine
et le mont fuji
coexistent sur le sable
blanc
à l'or obsédant
de l'autre temple
répond cette
rarissime
pénurie blanche
Haroldo de Campos
traduit par Inês Oseki-Dépré
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08/07/2019
Gérard Engelbach, "Peupliers dans ma musique", février 1987
Au fil de mes lectures et relectures d'été, ce livre-ci, paru en février 1987 à Sud Poésie, de Gérard Engelbach, le deuxième vers renvoyant à mon prochain opus, en prose cette fois. Trêve de digressions, voici :
Par divination, art magique,
Aurores de cristal,
Nos vies, bien dégagées,
Se croisèrent.
C'était un lendemain,
Le jour passé, peut-être ?
Le temps battait des ailes
Avec humour.
Dehors est entré sous la terre,
Dedans se perd au fond des bois.
Très chère, le seuil est immobile
De la maison dans l'air tremblant.
Gérard Engelbach
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