08/08/2018
Une dédicace des plus délicates
Pour la petite histoire : Pascal Quignard obtient le prix Goncourt en novembre 2002, pour l'essai intitulé Les Ombres errantes, au troisième tour de scrutin grâce au soutien d'Edmonde Charles-Roux et de François Nourissier et malgré la vive opposition de Jorge Semprun qui, fait exceptionnel, se désolidarise du choix du jury après la proclamation des résultats.
Quant à moi, je considère alors qu'il s'agit d'un bon livre, au-dessus de la production littéraire du moment, écrit par un auteur qui, à mon sentiment, pourrait être nobélisable, non pour L'Occupation américaine (médiocre ô combien) mais pour Le Salon du Wurtemberg, Le Sexe et l'effroi ou ce qui composera sa trilogie du Dernier royaume.
J'avais acheté dès sa sortie Les Ombres errantes et un SP m'avait été envoyé, concomitamment. Dans la foulée, j'expédiai par la poste directement à son domicile parisien (que je connaissais) ledit livre, pour une dédicace. Nous sommes au tout début du mois de décembre 2002. Pas de nouvelles... Ce n'est qu'en avril 2003 que je reçois Les Ombres errantes dédicacé, expédié depuis une machine à affranchir du VIe arrondissement de la capitale.
Le livre, envoyé à Quignard (un service de presse que je n'avais que feuilleté, à l'inverse de mon exemplaire acheté) est à présent bien marqué au dos (la reliure, comme on dit dans le métier, plutôt cassée, pour bien signifier qu'il avait été lu, voire relu jusqu'à plus soif). J'ouvre l'objet et découvre que ce littérateur a trouvé subtil sûrement de me le dédicacer précisément un vendredi 13 (pas de chance, n'étant pas superstitieux), sans aucun terme de politesse passe-partout comme un "cordialement", glissé avant la signature. [C'est pour votre serviteur un exemple unique il va sans dire, la raison même pour laquelle je vous scanne la page de garde, histoire d'en sourire ensemble, un tantinet].
... Avec le recul, qu'en penser ? Qu'un auteur est avant tout un homme ordinaire dans le commun des jours, susceptible comme tout un chacun dès que l'on met un pied dans son domaine réservé. Et d'autant plus que le prix que cet écrivain attendait mordicus aurait dû normalement lui échapper. Quant à la pertinence des choix de tel ou tel jury, est-il vraiment utile que je m'y attarde ?... Tout de même : "Il est certains auteurs que l'on ne devrait connaître que par leurs livres", me disait un galeriste d'Ixelles, qui a aussi publié quelques poètes. Je confirme. Amitiés partagées, Daniel Martinez
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A voir très bientôt, à la galerie Ceysson et Bénétière, 8 rue des Creuses à Saint-Etienne :
Du 13 septembre au 20 octobre
MATIÈRES PRIMAIRES
David Raffini
11:52 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)
07/08/2018
En tout sens V
Les vents de mer balaient
le temps court jusqu'aux confins s'il en est
liquidité du sang battant le rythme même
de la vie et précieux arômes en suspens
qui se déposent sur les gravures de la chambre
au moment où le soleil frappe le carreau
la peau du monde un gonflement de voile au loin
jour de cantates et de fugues
sable fuyant des mots
murmure des rochers où s'épuise l'écume
ta main trace un signe dans l'espace
peu à peu changé en flamme
l'odeur de la mer chatoie
comme le désir que tu suscites en moi
se propage dans l'extrême somptuosité
du bonheur quand il se donne
dans le jeu des chaleurs
comme l'ombre lumineuse
cherche à se défaire de la prison des surfaces
je croise et décroise les doigts
avec les envols et atterrissages de nuages d'oiseaux
le son flûté des courlis nous accompagne
tant que bourdonnent les voix
et que vrillent les Spirorbes bleus
peints par Wols en quarante-huit
pour exprimer les puissances du sol
d'insectes et de résines mêlées
dans un singulier frémissement
là où revivent les chimères
Daniel Martinez
11:39 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)