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28/05/2020

"Grand bal du printemps", de Jacques Prévert, photographies d'Izis, La Guilde du livre (Lausanne, 1951), 15 300 ex numérotés

PREVERT 7.jpg

A l'occasion de la sortie du Grand Bal du printemps - en 1951, Jacques Prévert dédicaça à son éditeur, René Bertelé, ce collage, réalisé sur fond photographique. Une tête couronnée en galante compagnie : et, sur la robe à traîne de la seconde, un nourrisson à tête d'animal ! Un printemps pour le moins orageux.  DM    (coll. particulière)

*

     Toutes ses promesses sont des fêtes
       la nuit la belle étoile
       pour lui et ceux qui couchent dehors
       se fait plus belle encore

       Et ce n’est pas sa faute
       si les ponts sont trop chers
       la vie toujours plus dure
       le bonheur plus précaire

       Toutes ses promesses sont des fêtes
       Il n’est pas responsable du reste.

 

Jacques Prévert

09:30 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

27/05/2020

"Même la nuit, la nuit surtout", de Pierre Dhainaut, gravures de Marie Alloy, éd. Le Silence qui roule, février 2012, 18 pages non foliotées, 80 exemplaires

Troisième livre d'artiste publié par Pierre Dhainaut chez Marie Alloy, des éditions Le Silence qui roule, "Même la nuit, la nuit surtout" compte 15 exemplaires et 5 HC sur Vélin BKF de Rives accompagnés de 9 gravures originales de l'éditrice.
Dans l'édition courante, de 50 exemplaires, 2 gravures ont été reproduites. S'y ajoutent 10 exemplaires, entés d'une gravure originale.
Livre du deuil, décliné en sept poèmes aux tonalités graves, c'est à un accompagnement dans les derniers instants de vie d'un être cher au poète que l'on assiste, à un dialogue muet dans l'extrême attention au corps du vaincu que le scripteur rejoint en partage, par la pensée, quand au bord de l'ombre tremble encore la corde de l'arc... Avant le silence qui ne saurait être le dernier car "bientôt la nuit va revivre, engendrer son aube."

*

4.

Illusion, certitude, je ne peux décider,
parfois dans le sursaut qui redresse l'épaule
je renonce à compter les instants, les rafales,
ou bien dans la blancheur qui agrandit la perspective
la joie se perpétue, de l'âge où se joignaient les souffles :
quelqu'un respire, tout proche, quelqu'un attend
que les vents épars et la voix, ce qu'il en subsiste,
se prolongent, s'éclairent, ce serait marée haute,
ce serait de nouveau la preuve, rien n'est clos ni opaque.

Pierre Dhainaut

05:31 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

26/05/2020

Un texte inédit de René Char

Préambule au "Soleil des eaux"

Le Soleil des eaux, "spectacle pour une toile des pêcheurs", date de 1946 et fut créé en 1948 par la Radiodiffusion française, avec une musique de Pierre Boulez. Ce préambule, jusqu'ici inédit, fut rédigé par René Char en 1967 en perspective d'une représentation télévisée de l’œuvre. Il en adressa le texte à l'helléniste Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) le 18 juin 1975 au terme de discussions et d'échanges de correspondance sur l'Illiade. René Char achevait d'ailleurs sa lettre par cette belle formule : "Homère, dieu pluriel, avait œuvré sans ratures, en amont et en aval à la fois, nous donnant à voir l'entier Pays de l'homme et des dieux."
Ce préambule synthétise de façon frappante les rapports de René Char avec la Grèce et la Provence. Les trois divinités de son "drame initial" y conservent l'accent nietzschéen présent dès le Marteau sans maître, et récurrent dans toute son œuvre. Voici :

L'insistance des grands mythes survivants à se montrer à nous n'a d'égale que notre gêne à les distinguer. En Provence, les figures de la Grèce ancienne sont présentes à fleur de terre. Il advient au poète de les rencontrer et d'en nommer passagèrement les traits. Ainsi retrouve-t-on dans le Soleil des eaux certains des personnages de notre drame initial : le serpent Python (le Dragon, symbole de l'effroi, du poison) (1) que vainquit Apollon adolescent, c'est le Drac pêcheur d'anguilles ; Héphaïstos, le dieu forgeron, le dieu boiteux qui donne à Apollon les flèches avec lesquelles celui-ci tuera Python, c'est l'Armurier, il fournit à Francis (2) les armes de son combat ; Apollon lui-même, le dieu de la jeunesse aux multiples visages est réparti sous les traits de Francis, d'Apollon le lézard et d'autres pêcheurs. Tous gravitent et avancent, chargés de contradictions, de courroux, d'amour et de soif de justice. Les dieux ne dispensent pas les hommes de la révolte, pas plus qu'ils ne limitent, aux diverses époques de la terre, les couleurs de leur destin.

René Char

(1) Le poète avait d'abord écrit : "symbole du Mal originel" ; puis il a corrigé par "symbole de l'effroi".
(2) Personnage principal de la pièce.

A signaler, parmi les réussites bibliophiliques touchant à l’œuvre illustrée du poète, le fac-similé superbe de Quatre fascinants, manuscrit autographe de René Char, enluminé par Victor Brauner (1950), publié par la Fondation de l'Hermitage (16 pages + couverture, 28 francs suisses).

09:13 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)