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24/05/2020

"Le Convalescent", de René Char, mai 1982, Marchant Ducel éditeur, 25 exemplaires sur Népal (imprimés à Kathmandu), 20 pages, avec une peinture tantrique

Vous ne trouverez pas mention de cet éditeur dans les Œuvres complètes du poète dans La Pléiade, ni celle de la date d'édition de ce recueil, vous en avez donc la primeur ! La directrice de publication s'appelait Lucie Ducel (un pseudonyme bien sûr, comme la référence à Marcel Duchamp, vous l'aviez deviné). Elle était serbe ; seule désormais, Lucie habitait au 79 rue du Chemin vert à Paris, œuvrait sans subventions de la puissance publique dont on connaît les partis pris. Son compagnon et elle avaient séjourné avec René Char au Népal et ravie, elle ajoutait : "Voyez-vous la chance que nous avons eue !". Son catalogue était ma foi impressionnant, je me suis déjà confié à vous sur le sujet. Ce prosème de René Char a paru en même temps (et chez le même éditeur) que le Dernier Chant de Milarepa, traduit du tibétain par Lopsang Lama, à 40 exemplaires sur Népal, avec un portrait du poète.

Extrait du "Convalescent" :

Puis je me couvris la tête de mon manteau.
Milarepa


Alentour du poème qui nomme tout silencieusement, on parlerait haut pour ne rien dire dans un langage qui ferait sourire le Temps.


Mes indociles : les cieux cristallins, l'amour ardoisé, se déploieraient entre un soleil réductible et l'agreste nuit non ébruitée.


Comme dans un paysage qui attire le baiser, dans les bras du ravisseur il y a l'imprenable.


Vert meurt, s'appliquait à tracer dans son blason René d'Anjou. Sur le parchemin suivant il écrivait : Tant, le plus lentement qu'il pouvait.


Entre ma flèche haut lancée et l'arc retendu aux trois peu rassurantes étoiles, nul ne serait aveuglé à dessein, ni privé de son cœur, même mourant.

 

René Char

"Autrement contredit", de Cédric Demangeot, éd. Fata Morgana, 17/3/2014, 184 pages, 23 €

Par la méduse du possible je suis contaminé et ça me ramifie. Et ça m'épuise de me puiser au monstre. Et ça m'enchante et m'exténue.


A force de réfléchir on s'abîme dans le piège des vitres. A force de penser vivre ou de se penser vécu, on ne termine pas ses phrases. La perte de la parole est l'implacable rançon de l'entrée en langue. La bulle crève et le souffleur se creuse. Turbulences derrière le bâillon. L'orgueil et le vide s'enlacent, bouillonnent de concert.


Je me retrempe, je suis opaque et je retrempe obstinément, sous une pluie rouge de coups ma matière, ma rouille dans l'hiver qui n'attend pas que je devienne.


Il n'est pas question de destin. Là n'est pas la question. Seulement, je convoque ici la somme de mes manquements à être. Il y a du vouloir apparaître dans l'air - où rien ne se réalise sans que je meure dans la seconde. Il y a déjà ça - ce fissile entrechoc.

 

Cédric Demangeot

09:43 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

23/05/2020

"Cahier d'ombres", Philippe Denis, éd. Mercure de France, 12/6/1974

        A l'amarre de ton sang,
          le creux
          laissé par ton somme,
          pour toi,
          maintenant, respire -


         (le vent entre les dernières étoiles
         circule


         des lambeaux de coq
         crépitent
         dans les enclos -


         avant que ne grossissent
         les routes
         - comme les veines
         de tes poignets.

 

Philippe Denis

 

SIGNES D 75.jpg

 

 

 

 

02:26 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)