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10/05/2020

"33 poèmes en forme de nouvelles (ou l'inverse), de Jean-Louis Rambour, Les Lieux-Dits éditions, 2019, 44 pages, 7 €

Quand un enfant cherche à capter la flamme d'une bougie
avec un copeau de cire ramassé au sol, pas un atome
de son corps, pas une seconde de son début de vie,
pas un intrus autour de lui, ni même dans toute la ville,
tout le pays, ni même au-delà de l'Isère et de la Bresse,
rien ne peut le distraire de la beauté du feu, du jaune
incendie, rien, son regard se concentre sur la perle chaude,
sur un volume qui résume le monde entier des choses.
A ce moment-là, il est seul, en contact avec des mystères,
avec des odeurs de cosmos, lui non plus ne mourra pas
comme ne peut s'éteindre le feu depuis le tout premier orage.

 

Jean-Louis Rambour

06:05 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

09/05/2020

"Le temps étoilé", de Daniel Abel, éd. L'Arbre à paroles, mars 1988, 34 pages, 100 exemplaires

       IV


       Ce chemin, cette halte
       tout près du temps glissant.


       La pierre,
       son présent sublimé
       si elle parle d'un port.


       Passé, futur,
       choisis l'instant


       de l'avènement
       du signe.

 

       V


       Cette haleine, je marche, je suis elle
       le murmure se passe de retour.


       Au bout du monde un tremblement...
       le gué, la force du courant :


       je lutte, je suis ivre,
       vacillant dans le flux des clartés.


       Le gravier sous mes pieds
       devient lièvre.


       Je me fais joie
       de toute complicité
       comme de toute résistance.

 

       VI


       L'océan
       à travers une forêt de serrures


       je marche, je suis la terre
       je donne rendez-vous à l'idée de la mer...


       Tous ces mots égrenés
       qui composent le livre.

 

Daniel Abel

04:34 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

08/05/2020

"Gratitude augurale", de Pierre Dhainaut, éd. Le loup dans la véranda, 4 avril 2015

Le poème est accompli quand il éclaire en s'effaçant ce qui l'éclaire. Il ne l'a pas voulu, à vrai dire, il est alors inoubliable.

La jeunesse dans l'extrême vieillesse : les gestes de certains peintres deviennent avec l'âge plus audacieux, plus libres. Y a-t-il une malédiction qui condamne les poètes à l'étouffement? Si la vigueur les a désertés, ils en sont responsables. Ils n'avaient pas à se ménager pour l'économiser, ils en ont fait un mauvais usage. Qu'ils n'accusent pas l'ordre impérieux du langage verbal : ils l'ont d'autant moins transgressé qu'ils avaient de leur œuvre une conception étroite. Une œuvre, s'il est permis sans orgueil d'utiliser ce terme, n'aura de justesse que si elle est insoucieuse de son sort, elle n'aura pas peur de sa fin, elle fera mieux que maintenir intacte l'énergie, la confiance initiale, elle l'augmentera. Quelle que soit notre activité, cette confiance nous est offerte, mais les poèmes ont ce mérite de l'intensifier. Le port, le bon port, disent-ils, l'origine : nous sommes prêts à repartir sans savoir où ni comment. Ils disent encore que l'allégresse est inépuisable, du voyage. Nous les entendons mal, ils sont plus que nous généreux.

 

Pierre Dhainaut

15:15 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)