22/05/2020
"Un sommeil différent", de Roger Kowalski, éditions La Différence, coll. "Orphée", 1/6/1992, 127 pages
La voix
Ce fut, alors qu'il s'était profondément enfoncé dans l'épaisseur de la forêt, l'éclat lointain d'un cor ; ce fut dans l'ombre une image oubliée, comme un profil de petite fille devant un mur. De nouveau la tendre voix du cor, puis l'écho, la rumeur comme d'un océan derrière l'empire de la mémoire. Un peu plus tard, l'ombre souleva de lourdes faisanes blessées; la nuit vêtit les tours d'une écharpe de cris et sans doute en lui fut progressivement illuminée la pavane du songe. L'aube est ici, sa main tremble à la vitre. Douce, très douce voix dans notre nuit.
Roger Kowalski
Arbres, dessin de Louis Soutter, 1924
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21/05/2020
"Chemin marqué", de Marcel Béalu, éd. Rougerie, 22 décembre 2000, 80 pages, 400 ex., 72 F
La lumière que tu cherches
Elle n'est pas dans l'eau vive
Qui s'écoule de tes doigts
Elle n'est pas dans la flamme
Où seul ton corps se consume
Ne la cherche pas dans la nuit
Ni dans ce qui étincelle
A la surface du jour
Ce qui crépite et brasille
Meurt et s'éteint aussitôt
L'or pourrit sous les étangs
La lune habille des ombres
La lumière que tu cherches
Elle n'est pas dans tes mains
Elle est au bout du chemin
Marcel Béalu
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20/05/2020
"Chants", Annie Salager, in "Œuvres Poétiques" Tome 2, éditeur La rumeur libre, juin 2015
Exaltation pour l'éphémère
Beaucoup d'entre nous n'auraient pu survivre
sans les jardins disent-ils.
Obscur feuillage par les cris et venelles à roses
où les sens sont heureux
ils se croient maîtres d’œuvre
près d'abeilles chauffées dans les odeurs
Pris dans un épiderme d'eau
et dès lors instables
dans le souvenir occupé
à créer les couleurs sonores
albâtre mousse bassins
où l'eau à elle-même murmurée déborde
Une fois pourtant et c'est à peine un incident
au cours d'une promenade ordinaire
du froid afflue et des étoiles en plein jour
retournent à la contemplation sensuelle
Lieux amers disent-ils
(moins éphémères que nous)
où rien sauf l'illusion n'existe
Mais de quelle jubilation du néant
ces jardins nous laissèrent comblés
Annie Salager
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