241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/04/2017

Christian Gabriel/le Guez Ricord opus II

L'explication de ce nom à rallonge : d'abord celui de baptême, de l'ange (d'où la possible déclinaison au masculin ou au féminin, ouvrant sur l'indétermination), celui de la mère et pour terminer celui du père. Guez Ricord, qui donnait à ses amis des prénoms d'anges, considérait qu'il ne s'adressait pas à des lecteurs mais à des poètes ; il voulait ainsi en susciter. Position liée à un isolement - notamment poétique - qui n'était pas que voulu.
Tout comme sa séparation avec Mireille Mammini, en 1986, devait le laisser gérer seul ses crises, jusqu'au 7 juin 1988. Sa poésie : de longs vers de 21 pieds qui correspondent selon lui à une opération alchimique. Toute sa vie, en quelque sorte. 
Les vers qui suivent sont, eux, relativement brefs. Ils sont à rapprocher de ceux confiés à Yves Peyré pour L'Ire des vents n° 9-10 (p. 111 à 122) en date du 24. III. 51980, sous le titre : "L'Annonciation, soit ses peintures comme". Dactylographié par l'auteur, surchargé de quelques corrections autographes, ce bref recueil n'est rattaché à aucun de ses livres. Chaque poème se trouve scrupuleusement suivi de sa signature.

*

L'ETOILE

PASCALE VERS LA REMISE EN CORPS

Qui es-tu plus que, là-bas même, un paysage
Qui filera sans épuiser le front les laines
Douces partagées, les malentendus de l'âge
Que j'offrais peut-être à un maître, reine
Garde et tiens le mot qui nous tenait, ô sage.

                                                     Villa Medici, 1 février 1974

 

ANJO OU LES TROIS NUITS D'UN ROI

Alors j'ai compté à l'ombre du nord l'enfance
Que tu gardes là-bas comme le sont les croix
Qui comptaient les corneilles et les droites lances
Pays enclos, de la terre morte les lois
Linge et col sur le seuil d'une reine fiancent.

                                                     Villa Medici, 1 février 1974

 

CHOUCHANE DANS L’ŒIL DU SANG

Partage les larmes, le sang répandra l'or
Des voyelles que le fouet traça aux veines
D'un arbre naissant, la peau scande ses ressorts,
Se souviendra du feuillage des vieilles scènes
qu'il faudra bien là-bas parfaire au rouge d'or.

                                                     Villa Medici, 1 février 1974

 

NICOLE PAR L'AVEU

Dénonce qui répandit en toi l'inutile
Le sperme froid de l'azur, l'acier mat proscrit
Qu'un nom impeccable a pendu là dans les deux milles
Qu'il nous faudra croiser hélas ensemble ici
Recommencer les masques, brûler jusqu'aux cils.

                                                     Villa Medici, 1 février 1974

 

CÉCILE ET L'ANGE

D'or croise ces femmes que ma main a livrées
Comme tu glisses sous les draps cette autre main
Que la Vierge légère laisse enfanter
Dans le livre d'une femme tissée de lin
Et lors croise ces mains que la peur a tissées.

                                                     Villa Medici, 1 février 1974

 

JOELLE PAR LE DERNIER CRI

Je n'ai plus rien, je ne suis plus, qui le serait
Aimant ou mort, mais moi-même, là-bas, l'exil
Déjà dans le sang d'une autre et m'ignore-t-elle
Que je l'habite pourtant mais d'y clore tôt
Les larmes du livre avec les flammes des temps.

                                                     Torshavu * 27.VIII.76
                            
                                      Christian Gabriel/le Guez Ricord

___________

* en Islande, land, terre, pays...

16:48 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

12/04/2017

Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)

Voici des dessins inédits d'un poète mystique qui a fini le plus tragiquement du monde (tout comme le poète hongrois Szilárd Borbély, qui s'est donné la mort début 2014, très peu traduit dans la langue de Racine, seconde malédiction pour celui qui écrivait : "J'étais né pour être différent. Et quand ça s'est vu, on m'a jeté du nid."), en voici donc quelques-uns, pour le plaisir des yeux : calligraphiés à la peinture argentée sur Canson noir. Je discutais il y a quelque 48 heures avec l'un des participants réguliers à Diérèse (dont le soixante-dixième numéro comptera 300 pages, à paraître le 1er juin) de la triste fin du poète Dominique Labarrière, mort dans un hôtel du 11ème arrondissement parisien, d'un coma diabétique [l'histoire est en fait un peu plus compliquée que cela, mais... pardonnez-moi mon silence) ; un film est depuis sans doute en gestation sur le sujet. Amitiés partagées, Daniel Martinez

RICORD 3.jpg

 

GUEZ 1.jpg

 

GUEZ 2.jpg

14:22 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

27/03/2017

Le musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine : 26 mars 2017

Il aura fallu deux films, bientôt trois, pour qu’on sache qui était Camille Claudel. Isabelle Adjani en 1988, Juliette Binoche en 2013 et Izïa Higelin dans Rodin, en salles le 24 mai 2017, ont prêté leurs traits à la sculptrice du XIXe siècle et lui ont permis de retrouver sa place dans l’art. C’est en partie grâce à elles que la ville de Nogent-sur-Seine (Aube) a mis le paquet – 12 millions d'euros – pour lui créer un musée dédié, qui a donc ouvert le 26 mars.

Quand Auguste Rodin, sculpteur reconnu de 43 ans, rencontre Camille Claudel, 19 ans, c’est le coup de foudre. S’ensuit une relation passionnelle qui se terminera dans la douleur. Dans Camille Claudel, elle est vue comme sa muse, lui comme son mentor. Jusqu’au moment où elle sombre dans la folie, pensant qu’il l’a utilisée pour se mettre en valeur. « Elle avait une affinité avec le style de Rodin, car leur sensibilité était commune », commente Cécile Bertran, conservatrice de ce nouveau musée. Au-delà de leurs amours, Rodin et Claudel sont surtout dans une incroyable relation d’émulation artistique. « Leur confrontation a été déterminante pour le développement de l’œuvre artistique de chacun », explique Cécile Bertran. Le musée le montre en mettant en avant leur travail autour du Baiser, la manière dont Rodin a repris La jeune fille à la gerbe de Claudel, ou encore en mettant côte à côte leurs œuvres toutes deux intitulées Femme accroupie.

Si Camille Claudel avait un talent comparable à celui d’Auguste Rodin, comment se fait-il qu’elle ait dû devenir une héroïne de cinéma pour qu’on s’intéresse à elle ? « De son vivant, Rodin avait fait une grosse donation à l’Etat pour ouvrir son musée à sa mort, rappelle Cécile Bertran. Tandis que l’internement de Claudel, les trente dernières années de sa vie, ne lui a pas permis de valoriser son œuvre ». Le musée créé à Nogent-sur-Seine rend enfin justice à la sculptrice d’exception. Il replace son œuvre dans la continuité des sculpteurs nogentais du XIXe siècle pour montrer sa singularité. Évidement, Rodin occupe une grande place dans la visite, notamment grâce à des prêts de musées. Mais sa présence est limitée à son influence, donnant toute leur ampleur aux spécificités de Camille Claudel.


                                                                      Claire Barrois

16:47 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)