08/05/2018
Clairvoyance II
Portés par l'écran trouble d'une larme
un ibis une pie lovés
dans la paix vivante du papier peint
se détachent du mur
et du siècle pèlerin
qui nous vit naître inconscients
l'ombre de l'ombre
d'un premier amour
me revenait en gorge
plus loin dans le passé
les restes d'un feu
et le besoin retrouvé
de s'y chauffer les mains
ne s'articule-t-il pas
à la splendeur totale
des émotions qui nous animent
dans leur pureté retrouvée
bornées par la matière dense
d'un monde dont les effluves
entrent dans ton for
comme l'odeur de la mer
les mythes vaporeux des nuages
tu souris quand se perçoit la séparation
et l'écriture dans ses voltes
à l'extrémité des doigts suspendue
d'un sol mouvant et nouveau
ici doux là brusque dans ses accidents
emportent mes mots qui ne disent rien
que cette immensité étayée
par le tremblement des braises
sous l'eau des pluies percées à jour
au lieu où tout le sens meurt
dans sa propre essence
deux grenadiers là
gardent en légende
leur terrible immortalité
Daniel Martinez
17:18 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
06/05/2018
Clairvoyance
"Monter et descendre dans les mots même,
c'est la vie du poète"
Gaston Bachelard
Les branches les plus hautes
du bouleau pourpre rayonnent
elles dévoilent les images
prises entre les fibres du levant
derrière l'écran des yeux
un feu dans le feu
par-delà page et plaine
donne sens à l'histoire
Des herbes ensommeillées
sur le miroir de l'eau
figent les larmes dans leur suc
à en percer le mystère
la dimension cachée
à étoiler le jeu
des images et des mots
qui surgissent de trop loin
pour nous appartenir en propre
Dans la mémoire du matin
les fougères solennelles
sont brisures de poèmes
tu chantes ta propre cendre
l'extrême souffle de la vie
et démêles les liens factices
quand remonte d'en bas
atténué par le filtre des persiennes
le bruit d'un faible cours d'eau
ses pulsations innées
depuis le corps ouvert de la terre
Des gouttes de lumière
imprègnent mes paupières
dehors était dedans dehors était
cette immense tache vert clair
du mûrier à la fenêtre
ouverte sur l'étendue vague
à l'image de la vie
qui se donne sans compter
et nous-mêmes multiples
cherchant la juste perspective
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Daniel Martinez
10:16 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
16/01/2018
La grâce
Tandis que tes doigts respirent sous la pierre chaude, doucement. On entend se défaire les dernières voix, ainsi de chaque idée, cheveu d’ange, fil de la Vierge, que les mots me somment de coucher sur le papier – et l’accent circonflexe du poème pose un jalon, il confronte l’idée de désespoir à la réalité simple (la simple réalité). Seul persiste, diffus, son souffle, régulier – avec la musique du lieu, dans une transparence violette. Cette scène, je la vois alors distinctement projetée – elle est d’hier plus que d’aujourd’hui – reflet de ton cou devant la glace, sa douceur au toucher. Daniel Martinez
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