241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/04/2017

John Keats (1795-1821), traduit par Jean Rousselot

When I have fears I may cease to be
    Before my pen has glean'd my teeming brain,
Before high-piled books, in charactery,
    Hold like rich garners the full ripen'd grain ;
When I behold, upon the night's starr'd face,

    Huge cloudy symbols of a hight romance,
And think that I may never live to trace
    Their shadows, with the magic hand of chance ;
And when I feel, fair creature of an hour,
    That I shall never look upon thee more,
Never have relish in the feary power
    Of unreflecting love ; - then on the shore
Of the wide world I stand alone, and think
    Till love and fame to nothingness do sink.

                                John Keats

 

Quand j'ai peur de cesser d'être avant que ma plume
N'ait extrait tout le grain de mon cerveau fécond
Avant que ne s'amasse en maints et beaux volumes
Tels d'opulents greniers la parfaite moisson,

Quand je contemple au front étoilé de la nuit
Les symboles brumeux d'un céleste poème
Et songe que la vie peut-être m'aura fui
sans qu'inspiré j'aie su tracer leurs ombres même

Et quand me vient l'idée, éphémère beauté,
Que jamais plus je ne pourrai te regarder
Ni jamais savourer le don d'amour sublime,

Alors sur le rivage du monde sans fin
Je reste solitaire à méditer au point
Que jusques au néant Gloire et Amour s'abîment.

                                 adaptation de Jean Rousselot

27/01/2017

Roger Giroux (1925-1974)

Nulle hirondelle, pas un saule. Mais, au commencement, la monstrueuse cécité du poème.
Et je dis le calme visage de l'eau dans un creux de montagne : un voyageur s'y vient laver, de quelle solitude ? Il coule, au fond de son silence. Et le décor enneigé garde l'énigme de l'hiver. Puis la piqûre d'une étoile.
En ce pays insolite et sans âge, trop lucide, la voix se glace.


* * *


Et j'habite une attente muette. Séparé, de la seule distance d'un nom, tel est ce lieu de moi, cette unique parole, béante.


* * *


La vie, si proche. Un homme passe. Il chante. Les bruits du soir. L'ombre et ses parfums. Un arbre (ou c'est une âme qui regarde ?) Le ciel, géométrique.
Mais nulle phrase n'est donnée.

 


* * *


Cette besogne d'écriture où je m'efforce, est-ce la chair qui saigne, d'un monde inavouable ? Ces mots blessés, j'en souffre la blessure ( et je n'en souffre pas). Toute bouche est mensongère, si ce n'est un baiser.
Phrases ! Voulez-vous que je vive ? Qui saurait dire où est le sang, quel est le souffle ?
Qui ose dire... ?

                                                                         Roger Giroux

                                                                           in L'arbre le temps,
                                                  éd. Mercure de France, 30/4/1964

Sans titre.jpg

17:17 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

31/10/2016

"Soleil blanc"

SOL BLANCO

 

Mil gotas de nácar
en las contraventanas de madera maciza
muchas otras en sospenso
las mismas palabras sin mentira

Como ropa de lana nube
en los hombros ya estamos en abril
el ademán algo más distante
hasta la habitación abuhardillada

La primavera gira puede crecer
cargada de tiempo imperceptible
imágen de una imunidad
un ilusorio consuelo

Pero que importa el más allá
madriguera de comadreja paja mojada
dos hilos desnudados inactivos
como alumbrados en la media luz

              Daniel Martinez
              traduit par Pacôme Yerma