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25/12/2018

Jean-Pierre Duprey (1930-1959)

Seize ans

 

J'ai dominé toute une station de vie
Ma première enfance est entrée dans la pierre
Mes premières larmes sont sorties avec les passereaux
J'ai vu un Dieu, j'ai vu les hommes
Et mes yeux ne se cherchent même plus


Hier je suis allé sur la montagne qu'habita la lune
Et je suis revenu le cœur plein de tristesse
Il ne me reste plus qu'un souvenir et une guitare brisée
Un saule pleureur se dépouille et m'habille de larmes


Qu'est-il de plus triste au monde que de partir sans chanter

 

Jean-Pierre Duprey
La Forêt sacrilège et autres textes
Le Soleil Noir, 1970


Poète et sculpteur, Jean-Pierre Duprey participe au mouvement surréaliste à partir de 1948. L'essentiel de son œuvre paraîtra après son suicide.

12:13 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

24/12/2018

Thomas Traherne (1637-1674), traduit par Pierre Leyris

ON NEWS

 

News from a forrein Country came,
As if my Treasure and my Wealth lay there :
So much it did my Heart Enflame !
Twas wont to call my Soul into mine Ear.
Wich thither went to Meet
The approching Sweet :
And on the Threshold stood,
To entertain the Unknown Good.
It Hoverd there,
As if twould leav mine Ear.
And was so eager to Embrace
The Joyfull Tidings as they came,
Twould almost leav its Swelling Place,
To Entertain the Same.

***

D'un pays étranger sont venues des nouvelles
Comme si mon trésor, ma richesse était là :
Ce dont mon cœur tant s'enflamma
Qu'il se prit à mander mon âme en mon oreille !
Et elle, s'en allant à la rencontre
De cette approchante douceur,
Se posta sur le seuil afin
D'accueillir ce bien inconnu.
Mon âme planait au-dessus,
Délaissant presque mon oreille,
Et si jalouse d'embrasser
Dès leur avènement, les joyeuses nouvelles
Qu'elle semblait prête à quitter son habitat
Pour s'élancer au devant d'elles.

09:05 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

01/11/2018

Huitième élégie : En pays muet

Les mots passent aussi
avec ce livre qui s'efface
dans son écriture même
tandis que le vent de mer balaie
des éclats diamantés
avec la riche alliance des roches nues
parmi l'écume parmi tes mains


Elles plongent pour évincer qui
ne saurait voir les images
aller et venir dans le Texte
retrouvé là en pays muet
que je veuille en ôter l'ombre
Il se remet à me parler
en étincelles d'eau


Rien n'arrête vraiment
ce mouvement continu
du dedans au dehors
la présence bleutée l'apesanteur
et les révolutions sans prise
la permanence des Vanités
traversées de sursauts immobiles


Le sable à présent nous piquait la peau
jusqu'au sang c'était au large de l'île
c'était hier comme aujourd'hui

et tout cet infini de blanc
qui se renverse
avec le bruit mat un peu lointain
d'une embarcation coupée au fil
du temps il fut le mien


Il fut le nôtre frotté de doutes
et de vouloir mêlés
resté fidèle au frémissement
qui ce soir pendant que la pluie étire
un essaim d'instants
ruisselle dans l'Ouvert


Daniel Martinez
1er novembre 2018

19:46 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)