23/12/2019
"Le Blanc de l'ombre", de Marie Sunahara, éd. Le Carbet, 2002
Née à Tokyo, Marie Sunahara a vécu au Japon, vivement intéressée par la culture européenne. Elle décide de s'installer en France, à Paris où elle a résidé pendant 20 ans. Puis fait retour dans son pays d'origine, en 2012. A la manière de haïkus, ces poèmes extraits de son premier recueil Le Blanc de l'ombre:
Un chat s'étire
La lune sourit
A la nuit sableuse
* *
Les doigts de Chopin
Effleurent les roses
Le silence pleure
Plus pâle
* *
Une baleine
Sur la plage fiévreuse
Des bateaux chavirent
Dans la poitrine
L'ombre n'existe pas
Elle est une couleur
Comme les autres
* *
Tisser le silence
D'un fil blanc
De l'ombre
Marie Sunahara
12:47 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
22/12/2019
"Les yeux noirs", de Gu Cheng, traduction d'Isabelle Bijon et Annie Curien, éd. du Peuple, mars 1986 (Pékin)
La venue
ouvre donc la fenêtre et caresse les tourbillons d'automne
les jours d'été sont une tasse de thé fort enfin éclairci
il n'y aura plus de cauchemar ni d'ombre lovée
mon souffle est nuage et l'espoir chant
ouvre donc la fenêtre et je viendrai
tes cheveux noirs s'éparpillant sur un ciel limpide
sur le faîtage sonore les hommes et les drapeaux fragiles
vont à petits pas sans soulever de poussière
je suis arrivé tu n'attendras plus amèrement
il suffit de fermer les yeux pour trouver tes lèvres
il était une barque flottant des sables du rivage vers la falaise
les rayons du soleil s'inclinaient tels des rames plongées dans les rêves
il n'y a pas de roi suprême pas d'âme suprême
tu es mon épouse ma vie impérissable
je dirai dans ton sang toutes les choses du lointain
le monde est une nécropole que scellent les voix du souvenir
août 1982
Gu Cheng
11:40 Publié dans Auteurs, Traducteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
21/12/2019
"Haïkus du temps présent", par Madoka Mayuzumi, traduction de Corinne Atlan, éditions Philippe Picquier (07/11/2014)
Au milieu de ce tohu-bohu actuel, je rencontre (16/12/2019, ndlr) une poétesse japonaise de passage à Paris, Madoka Mayuzumi. Elle enseigne le haïku à des français lors de chacune de ses visites. Cet art, si précieux, pratiqué depuis des siècles, a pour principe d'exprimer, en dix-sept syllabes, la force des saisons et l'importance de la nature. Bouleversée notamment par la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, la poétesse la plus célèbre du Japon a recueilli les haïkus écrits par les survivants de cette calamité. J'espère que ce livre sera un jour traduit. En attendant, il nous est possible de lire ses quatre-vingt-quatre Haïkus du temps présent (éd. Piquier) dont celui-ci :
"Devant les cerisiers en fleur
On ne peut douter
Des lendemains"
Philippe Labro
07:02 Publié dans Auteurs, Traducteurs | Lien permanent | Commentaires (0)