14/01/2020
"Jours de Loire", de Patrick Henri Burgaud, éditions Interventions à haute voix, 25/3/1994.
février 27 m.
Honorine
L'oiseau de fleurs d'oranger a fait son nid sous le globe de verre. Depuis longtemps il couve, accroupi sur le coussin de velours rouge. Les enfants le contemplent émerveillés car il est tout entier fait de nombreuses fleurs menues dont les pétales sont des perles. Les adultes le surveillent, sa présence dans la maison apporte le bonheur. Il est entré, il a tourné deux ou trois fois, ébloui, la fête brillait dans la maison. Puis, se dégageant de son plumage en tulle, il s'est accroupi sur le coussin de velours rouge. Il attend.
Patrick Henri Burgaud
12:00 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2020
"Jours de Loire", de Patrick Henri Burgaud, éd. Interventions à haute voix, 25/3/1994, 30 F.
Encore quelques précisions bibliographiques, pour ainsi dire introuvables, venues compléter ma précédente note blog (28/12/2019) sur Éclats de jours, de ce poète aujourd'hui de nationalité néerlandaise, qui écrit toujours dans sa langue mère:
Bannières 15 calligraphies éd. Avalonpers, Pays-Bas.
Anthologies :
Droits de l'homme Paroles de poètes (Le Dé Bleu/Aleï)
Destine-moi un poème (éd. Langages-Editions)
Agenda Rétro-Viseur, 1991, éd. Rétroviseur
Génération Polder, éd. Table Rase.
Traduction :
Descendance, poèmes d'Anneke Brassinga, Maison de la poésie Nord Pas de Calais.
avril 26 v
Les hirondelles
I
Ce premier jour de transhumance les yeux guérissent.
Les hirondelles savent les pratiques de médecine. Un diamant
dans le bec, elles découpent les verres de clarté.
Nomades déferlantes, joueuses d'arc et de la courbe du
cimeterre, elles chevauchent le dôme d'or neuf. Elles
détiennent les secrets du grand feu : la perfection des bleus
animés de leurs écritures, qui nous sont énigmes ravissantes.
Elles connaissent aussi les chiffres à mesurer les angles
d'ouverture, les règles de temps pour les usages. Leur
mathématique est excellente, apprise dans les roseaux
d'Alexandrie.
Souvenir d'Arabie Heureuse, leur croissant est prophétique.
II
Vous partez déjà ?
Craignez-vous les feux d'herbe, la géométrie fondante ?
Ce soir encore, contez-nous votre conte à endormir les nuits.
Fin des prodiges aux lampes de parfums
elles composent sur la portée des fils
une fugue d'exil que les cordes du vent joueront à nos regrets.
Patrick Henri Burgaud
16:01 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (2)
09/01/2020
Carnet d'une petite chronique de Bordeaux, par Thierry Metz, été 1996, in "Jour de Lettres" n°15, 10 F.
1. Vers midi, par hasard, j'arrive sur une place, ronde comme un tambour, posée là, dans une flaque de lumière, crissante de gravier et qui palpite de moineaux. Les gens et les chiens sont partis manger. Il ne reste qu'un vieil homme au visage émacié, debout, son chapeau à la main, le buste un peu penché. On dirait qu'il salue quelqu'un. Je lui vois cet air apaisé, ce petit regard de jasmin des êtres dont il ne reste que le sourire ou que l'âme c'est pareil. Je n'ose pas bouger devant l'espèce de prière qui l'a ravi. Au moindre bruit, peut-être, il pourrait revenir à lui ou pire : à nous. Et il faudrait alors retourner dans les malentendus. Mais cet homme au crâne lisse a autre chose à faire maintenant : je crois qu'il est venu congédier son ombre, et les nôtres.
2. C'est une vitrine dans un encadrement bleu pâle, à l'angle d'une rue. Une femme d'une cinquantaine d'années se tient sur le pas de la porte. Je m'attends à passer devant une épicerie mais non, il s'agit d'un appartement. C'est meublé : un grand lit, un fauteuil, la télévision allumée sur une longue desserte, des babioles rouges et dorées. Cette dame habiterait donc ici, en devanture ?
- Vous pouvez entrer, me dit-elle, c'est ouvert.
- Vous tenez un commerce ?
- Je vends ce que j'ai. Toute une vie.
- Pourtant j'ai cru...
- Oui, au début on croit mais l'ordinaire des autres, ça a un prix, comme le reste. Et c'est un travail, vous savez.
- Je n'en doute pas mais...
- Mais vous hésitez. Pourtant il vous manque sûrement quelque chose.
- Je ne sais pas. Je vais quand même jeter un coup d’œil.
C'est ainsi que j'ai acheté le contenu d'un tiroir que la dame avait mis des années à remplir et qui, sans doute, ne me servirait à rien.
- Vous verrez, a-t-elle ajouté, vous ne pourrez plus vous en séparer.
3. Je n'ai pas pu m'en empêcher : j'ai volé un petit jardin - à une vieille. Pas grand chose : un banc, quelques œillets, un lilas avec sa mésange. Je l'ai mis dans ma chambre, sur la grande table du fond. Comme ça, le soir, quand je cherche un endroit tranquille mais proche, je me promène de ce côté-là et parfois, j'y fais des rencontres.
4. Il a plu.
En sifflotant un homme passe avec une échelle, un autre avec une corde, un troisième avec un seau. Ils ont un petit chantier de tuiles et d'oiseaux pas loin. Pourtant, à les voir, comme ça, débonnaires, un sourire au coin des lèvres, des feuilles et des brins d'herbe dans les cheveux, on dirait des gens du dimanche, des pêcheurs. Qui m'a dit, un jour, qu'à Bordeaux, après la pluie, on attrapait des truites sur les toits?
Thierry Metz
03:53 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)