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02/12/2020

"Comme passe le vent", de Philippe Pujas (dessins de Bernard Leijs), éditions La Feuille de thé, avril 2020, 168 pages, 20 €

Cette ville qu'on quitte à regret
Sans avoir pris le temps de la connaître


Sans avoir de ses rues
Senti le pavé sous ses pas
Il n'en demeurera que des images brèves


Les bruits sourds d'un café
A l'heure où la nuit tombe
Des yeux croisés où l'on avait cru lire


L'espoir de lendemains complices
Il nous aurait fallu quelques heures de plus


De ces heures qu'on dit perdues
De ces heures errantes
Qui sont celles qu'on garde en soi
C'était plus qu'assez pour qu'au cœur


S'installe
Un non franc à la nostalgie
Et le doux désir du retour


Philippe Pujas

08:34 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

29/11/2020

"Signes d'air", de Jocelyne François, Mercure de France, 22 mars 1982, 104 pages, 58 F

Pouvoir du poème


Le poème relie les secrets en une tresse plus serrée que les cheveux. Au même instant il rend les secrets transparents. S'approcher du poème, le lire, c'est s'exposer à une transfusion de peine, parfois prendre un bain de paix. Le poème ne sait pas ce que nous savons et sait tout ce que nous ne savons pas. Il ressemble à l'eau d'un jardin, le soir, quand les grillons commencent leur chant monocorde. Il passe sur nous, desséchés par le vent du jour. Il laisse aux gestes anciens leur tendre écorce, celle qui empêche le bois de durcir. Il n'agit ni par le dire ni par les mots mais par ce qui se glisse dans l'étroite ouverture fatale comme tes yeux quand ils me regardaient vraiment dans un autre monde.

* * *

Restitué à la nuit


Le poème s'inscrit dans l'urgence et s'écrit dans la nécessité. Il explose à contre-choix. Mais celui qui lit le poème n'en peut recevoir que l'onde amortie. Entre les deux pages qu'il tourne rient des oliviers imprenables et la terre prophétesse a digéré toutes les eaux d'agressivité.

 

Jocelyne François

ULRICH 21.jpg

peinture de Pascal Ulrich

05:39 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

27/11/2020

"Comme un léger sommeil", de Pierre Chappuis, éditions José Corti, octobre 2009, 80 p., 12 €

Un espace intérieur

 

L'eau, le ciel, un même gris plus ou moins fin, mouliné, grumeleux, les prolonge l'un dans l'autre malgré, à peine marquée (une ligne basse), la barre étroite qui ferme l'horizon.

 

Proche, la rangée de bâtons retenant un filet de pêche n'apporte limite à rien, au bout de peu s'estompe ; plus à gauche, les brumes cessent peut-être, qui n'ont ici rien de morose.


Dire (à mots perdus), dire tout (si peu) mezza voce, au gré de glissements moindres, atténués, de plus sombre à plus clair répercutés d'un espace intérieur prêt, même à peine dérangé, à s'obscurcir.


Pierre Chappuis

06:46 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)