27/02/2020
"Sin Ming/Gravé à l'esprit", Fa Jung, traduit par Daniel Giraud, éd. La Main courante, 21 juin 2004
maintenant et sans cesse
maintenant, l'esprit originel
originellement inexistant
dès l'origine à l'instant présent
l'éveil existe fondamentalement
il n'est pas nécessaire de pratiquer et de préserver
dès l'origine, passions et afflictions ne sont pas
il n'est pas nécessaire de pratiquer et de rejeter
l'âme connaissant éclaire d'elle-même
les dix mille lois retournent à la connaissance
sans retour pas de perception
les pratiques fausses renoncent à la contemplation
les quatre qualités sont non-nées
les trois corps existent à l'origine
les six sens répondent aux situations
mais le discernement ne discerne pas
l'esprit unifié n'est pas insensé
les dix mille causes s'harmonisent et s'ajustent
Fa Jung (594-657)
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24/02/2020
"La danse de l'effacement" de Zéno Bianu, éd. Brandes, 575 ex., 16 novembre 1990
je ne sais plus profond
que ce versant noir
où l'être crépite
sur le chemin de nudité
les passeurs de monde
quittent les effigies
pour un oui
qui aiguise même le feu
soif de disparition
sacrement d'exactitude
c'est bien la dent
de l'anéantissement
l'orage porte le ciel
genèse défaite
comme une bouche de chute
qui s'exile du visible
nous sommes venus
dénouer les tombes
habiter l'égarement
déchirer la naissance
gisants fragmentés
passion des précipices
nous allons au vide
comme on troue sa mort
Zéno Bianu
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23/02/2020
"Le chemin de la montagne de pluie", N. Scott Momaday, traduit par Philippe Gaillard, éd. du Rocher, août 1995
La langue kiowa est difficile, mais savez-vous que l'esprit de la tempête la comprend ? Il y a bien longtemps, les Kiowas voulurent fabriquer un cheval. Ils décidèrent qu'il serait fait d'argile et entreprirent de façonner la terre de leurs mains. Le cheval commença à prendre forme, mais alors se produisit une chose effroyable. On vit l'animal s'agiter, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, jusqu'à tout bouleverser. Le vent se mit à souffler en énormes rafales. Les grands arbres furent déracinés et même les bisons furent projetés dans les airs. Les Kiowas couraient dans tous les sens, invoquant et suppliant cette chose qui les terrifiait. La tempête se calma enfin. Aujourd'hui encore, lorsqu'ils voient s'amonceler les nuages d'orage, les Kiowas savent qu'un étrange animal vagabonde dans le ciel. Il a la tête d'un cheval et la queue d'un grand poisson. Sa gueule lance des éclairs et sa queue, fouettant et balayant les airs, fait souffler le vent en tornades brûlantes. Mais ils lui parlent. Ils lui disent : "Passe au loin." Ils n'ont pas peur de Man-ka-ih, car il comprend leur langage.
N. Scott Momaday
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