23/01/2020
"Eclats de jours", de Patrick Henri Burgaud, imprimerie Joost van de Paverd, 20/5/1988
mai 7 m.
GISÈLE
Danse minuscule d'un vin rare dans un verre pur
Le verre est ce blanc vide qui toujours sonne faux
De sable et d'argent délicat mensonge
Ivresse feinte petits mouvements pas de deux
Bohème luxueuse aux mains des captivantes
Filées pour scintiller par les nuits d'artifice
glaciales
Vin noir lourd fort âcre sang de taureau
Égorgé par les rails tangibles
Augure vaticinant les révoltes inutiles
Les taches sur la nappe qui prétendent à du sang
meilleur
Oublieux colérique insatisfait éventé
Par les gestes et les heures de l'attente longue
Alors le chant prestigieux obscur l'obédience sanglante
Le violon sans cordes le tympanon crevé
Les yeux troués par les rougeurs de braise
Les peaux noircies à la flamme pour dire vrai
Les bouches tordues dans le dos
Les gorges jetées
Faudrait-il avaler sa langue pour ne pas la trahir ?
Patrick Henri Burgaud
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21/01/2020
Armelle Leclercq
DOUCEUR
Je suis - amitié - sur mon nuage,
Je m'endors en plein coton,
Des fleurs blanches, partout partout ;
Tousse un peu
- allergies -
Mais c'est doux, c'est bon,
Me love dedans et m'élève
Tellement que je ne remarque pas
Que je tombe.
On a retourné la boule
A flocons,
Je m'abats sur le petit village peinturluré en rouge,
Et son houx.
Armelle Leclercq
Née en 1973, spécialiste de littérature médiévale, Armelle Leclercq enseigne à l’Université de Pau. Plusieurs séjours à l’étranger dont deux ans d’enseignement du français au Japon. A publié "Les équinoxiales", aux éditions Le Corridor bleu, le 5/1/2014 (une célébration du paysage japonais, tant rural qu'urbain) ; puis, "Les arbres", aux éditions Le Corridor bleu, 2016.
23:45 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
20/01/2020
Boris Pasternak (1890-1960)
Le livre n'est qu'un cube de conscience brûlante, et fumante, et rien d'autre.
Le cri du coq de bruyère au printemps, c'est le souci que prend la nature de la conservation des volatiles. Un livre, c'est comme un coq de bruyère au printemps. Il n'entend rien ni personne, assourdi par son propre cri, absorbé dans son propre cri.
Sans lui l'espèce spirituelle n'aurait pas de succession. Elle s'éteindrait. Les singes n'avaient pas de livres.
On l'a écrit. Il a grandi, crû en intelligence, bourlingué, et le voilà grand - et parti ! Si on voit dans son jeu, ce n'est pas de sa faute. C'est comme ça qu'est fait l'univers spirituel.
Dire que l'on croyait naguère que les scènes, dans un livre, étaient des mises en scène ! Quelle erreur ! Qu'en a-t-il à faire ? On a oublié que la seule chose qui était en notre pouvoir était d'arriver à ne pas altérer la voix de la vie qui résonne en nous.
L'incapacité de trouver et de dire la vérité est un défaut que ne peut pallier aucun art de dire le mensonge. Le livre est un être vivant. Il a sa pleine conscience et tout son jugement : les tableaux et les scènes, c'est ce qu'il a gardé du passé, retenu, et qu'il ne consent pas à oublier.
Boris Pasternak (1912-1922)
traduit par Michel Aucouturier
André Lhote
06:12 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)