241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/01/2021

"Ballade du voyageur retournant vers sa maison inconnue", de Philippe Mikriammos, éditions Fourbis, 20 février 1988, 32 pages

Le silence gelé lunaire est aussi vaste
Que l'espace intégral, tout entier silence
Au-delà et partout, überall, infini
Nuit et froid absolus, solitude de glace


Mais de luire et brûler, ces fruits surlumineux
Qui mûrirent soudain quand la nuit descendait
Étrangère et mauvaise ainsi que le parjure ;
De la porte la clef est plus chaude que main


Noblesse de la nuit, noblesse du mendiant
Noblesse du guerrier qui meurt récompensé
Ne point faire le lit de la médiocrité
Coupe la lune en quatre et les bandeaux aux fronts


Et les bandeaux au fronts, multiples et variés
Éparpillent myriades en fragments ébréchés
Cassent tout le désir en tessons essaimés
Et le long irrespect des jeunesses railleuses


Je m'en fus sur des voies perdues sous le ciel nu
Ayant tout renoncé de l'esprit d'entreprise
De Calabre en Dan'mark, d'Achaïe en Corn'waille
J'ai dormi dans les pierres et je n'ai pas eu peur


Philippe Mikriammos

VIGNETTE ULRICH.jpg

dessin aux feutres de Pascal Ulrich

00:23 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

10/01/2021

"Puisqu'il est ce silence * prose pour Henri Meschonnic", de Jacques Ancet, éd. Lettres Vives, mars 2010, 64 pages, 12 €

Rappelons que Henri Meschonnic (qui vivait en Seine-et-Marne) a écrit l'éditorial du n° 38 de Diérèse (octobre 2007), intitulé "C'est le poème..." ; et a confié des poèmes à la revue (dans ses numéros 38 et 45).

* * *

On l'entend. Il parle. Dans le silence. Puisqu'il est ce silence. Sans lèvres, il parle. C'est comme un bruit d'eau, un courant sous les mots. Qu'il dise critique, corps, arbre, rythme, poème, c'est le même mouvement toujours qui les emporte, le même vent - air ou eau, c'est pareil. Et c'est ce qui, avec lui, emporte vers ce qu'on ne voit pas mais qu'on entend partout. Et qu'on répète sans savoir. Avec, dans la bouche, ce souffle qu'on croit avoir - et c'est le sien.


Dans la beauté, toujours. Les arbres qui font la roue, les champs qui étincellent. Dans ce printemps qu'on essaye de garder pour lui. Dans l'espace et le temps des corps. Dans tout ce qui s'appelle vivre - le petit vent, les feuilles qui grésillent, les cris d'oiseaux. Dans le rien du jour, c'est lui, on le sait bien. Parce qu'on le voit, parce qu'on l'entend et qu'il est fait de ce regard, de cette écoute. Dans l'impossible retour, dans l'impossible demain, juste là, au bord, sur le fil du présent, il sourit, il vacille, il sourit.


Jacques Ancet

09:44 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

08/01/2021

"Les exercices du regard", André Verdet, éditions Galilée, septembre 1991, 56 pages, 60 F

Elle vivait à l'écart ses dernières lueurs


elle n'avait plus grand-chose à dire
qui ne fût du passé l'étoile


plus que détresse ou désespoir
ses signes étaient renoncement


dans l'ultra lointain lumineux
elle crut entrevoir le spectre
d'une compagne de jadis celle
de premiers jeux de l'enfance rieuse


assourdies des ondes lui parvenaient encore
qui n'étaient plus l'écho de choses familières


pourquoi tant de solitude
pourquoi tant de pauvreté


elle qui avait tant et tant
et plus encore qu'elle-même
à pleins rayons prodigué


n'avait-elle gagné auréole diaprée
pour avoir su capter et attirer vers elle
ces présences amies les planètes et lunes


André Verdet

14:45 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)