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19/05/2019

Un poème de Jean Rousselot, en mémoire

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   A notre actif                                                                          

 

          Quelques bourgeons en guise de préface
          Et l'on mourra tout son soûl
          Tandis que Dieu (sic) bouchera en douce
          Ses trous de mémoire
          Avec des pelletées d'étoiles


          On aura auparavant
          Changé de place le rhododendron
          Qui s'ennuyait au fond du jardin
          Prêté une âme à quelques amouillantes
          En espérant qu'elles sauraient mugir à temps
          Attendu d'improbables trains
          Au bord des rails envahis par la folle avoine
          Mangé faute de mieux la sorbe des oiseaux
          Surveillé le lait sur le gaz
          Appris le jargon des pierres
          Recollé patiemment les éclats de notre être
          Après chaque chute en son gouffre

 

          Bref on n'aura pas rien fait
          Avant d'être défait.


                             Jean Rousselot

                                            à Daniel Martinez

Les éditions Les Deux-Siciles : Préparatifs à l'édition de "Trajectoire suivi de Strophes" de Jean Rousselot, juillet 2002 (12 €)

Jean Rousselot et moi, nous nous étions rencontrés dans son petit pavillon de plain-pied à L’Étang la ville, dans les Yvelines ; il y vivait le plus simplement du monde. Alimenté en oxygène à domicile, il consentait à quitter son masque pour me parler, et me confier dans la foulée quelques secrets littéraires, qui alimenteront mon Journal (il en est de gratinés). Au dîner de même, point de ses deux impressionnantes bonbonnes ; sa domestique haïtienne nous avait concocté des mets de son choix, mais il ne voulait en aucun cas que je parle avec elle du vaudou, même sur le ton de la plaisanterie. "Grand Dieu, j'ai mis à sa disposition la Bible de Jérusalem", ajoutait-il, pour ne pas qu'elle se méprenne sur la foi, "la vraie".
Me montrant sa bibliothèque, il se lamentait sur les dégâts de sa chienne, avec laquelle il aimait bien se balader en forêt, qui avait dévoré une partie de Locus Solus (de Raymond Roussel) ; et s'amusait, au fil de la conversation, de ces poètes du seizième arrondissement parisien qui le regardaient de haut, sans le remercier même d'un mot pour ses services de presse.

Un article sur Tristan Tzara était en vue pour Diérèse, ainsi qu'un livre de sa plus belle plume à paraître aux Deux-Siciles, qui aurait pour titre : "Trajectoire suivi de Strophes". C'était un auteur très prévenant, qui se mettait à la place du petit éditeur que je suis, non subventionné... il a toujours essayé de trouver la voie la moins onéreuse, ce qui est tout à son honneur. Comme vous le savez pour m'avoir lu, il avait piloté dans sa jeunesse plusieurs revues, dont "Le Dernier carré", où il avait publié des poèmes de Paul Bowles en français (reportez-vous à la catégorie "Jean Rousselot" pour en savoir plus). Se plaignant au passage d'y avoir toujours été de sa poche. Une constante, dirai-je.

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                                                     21. 4. 02

     Cher Daniel Martinez,

     votre lettre me fait plaisir ; j'ai moi-même été heureux de notre rencontre ! Que mon concours puisse vous aider à faire de Diérèse une revue de premier ordre, voilà mon vœu. J'ai complété sérieusement les pages amputées.
     Pour compléter aussi mon texte, j'aimerais qu'on insère ceci, juste avant "mort en 1963" : "A la fin d'octobre 1956, Tzara et moi nous croisons à Budapest, juste le temps de nous dire que la Hongrie, communiste pourtant, file un mauvais coton devant l'U.R.S.S. Les événements allaient le prouver, hélas !"
     Mes remerciements pour la plaquette de Pierre Dhainaut* qui est un poète connu, estimé (et mon ami...). Je l'y retrouve égal à lui-même, aéré, aérien.
     Si j'osais, je vous demanderais pareil traitement : un choix d'inédits par exemple. Combien de pages/textes au maximum ?
     A vous, en amitié

                             Jean Rousselot

   PS : on pourrait faire
   quelques exemplaires de tête,
   chacun assorti d'un
   collage de moi ?

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* Voix d'ensemble, paru aux Deux-Siciles

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Préparatifs à l'édition de "Trajectoire suivi de Strophes" aux Deux-Siciles II

Il s'agissait alors de convenir du format du futur livre, des illustrations qui l'accompagneraient, du titre, de la couleur de la couverture, des mentions à apporter, jusques au colophon.

 

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                                                              11- 6 - 02

     Cher Daniel Martinez,

     Une fois encore en fâcheux état. Mais vous savez vraiment me consoler...
    Couverture : jaune ou rouge*, à votre idée. Le format du Dhainaut me convient. J'ai d'ailleurs choisi dans mes cartons 5 collages de cette dimension, l'idée étant que 5 exemplaires de tête, chacun accompagné d'un collage original de l'auteur pourraient se vendre disons 100 euros. C'est à peu près le prix de mes "œuvres", en vente ici et là. Il faut mentionner cette série dans le colophon approprié.
     Titre : TRAJECTOIRE suivi de STROPHES. Pourquoi avais-je parlé de "proses" ? En vérité les textes en prose sont des poèmes.
     Une photo ? Soit, voici la plus récente prise lors de mon exposition rue Vavin. J'espère que le dessin* ne me fera pas encore plus vieux que je le suis.
     Je reviens à votre lettre :
     pagination ? A votre idée.
     Achevé d'imprimer. Ne croyez-vous pas qu'il faudrait mettre en tête qu'il y a des "luxe" ?
     Copyright : l'éditeur et l'auteur.

     Merci pour l'invitation à la Poésie canadienne mais je ne peux vraiment pas aller où que ce soit, le soir...
     Voilà. J'espère avoir répondu à vos questions. Ma joie est grande de faire ce livre avec vous !

     A vous, très amicalement

                                      JR

Coquilles : rien ou presque et c'est ma faute sur un changement souhaité

* la première moitié du tirage aura une couverture rouge, la seconde moitié, orange.
*
ce sera un portrait à la mine de plomb, réalisé par Pacôme Yerma

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