241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/07/2019

Chet Baker (1929-1988), vu par Alain Gerber : "Chet", éd. Fayard, 25 €

BLOG GALERIE PAVIOT.jpg

Alain Gerber raconte, avec énergie, la vie de Chesney H. Chet Baker, prince et "grand soufflant" du jazz dans le livre qui a pour titre : Chet, paru en 2003 aux éditions Fayard :

"Chet est la dernière saga consacrée par Alain Gerber à une figure, à une icône, à une voix formidable du jazz : Chet Baker, trompettiste, chanteur, compositeur. Le timbre le plus proche de la voix à la trompette, la voix la plus proche du féminin au chant. Charlie Bird Parker l'avait élu. Dorothy Baker a raconté la vie de Bix Beiderbecke et a intitulé son livre : Le Jeune Homme à la trompette. Bix est l'ancêtre de Chet : ils ont 25 ans d'écart.

Éternel jeune homme revenu de tous les cercles de l'enfer, des neuf vies qu'ont les chats, Chesney H. Chet Baker est né à Yale, Oklahoma, le 23 décembre 1929. Il a fini par tomber d'une fenêtre d'hôtel à Amsterdam, le 13 mai 1988. Poussé ? Suicidé ? Chuté ? Toutes les hypothèses collent à son existence. Les dernières pages du livre de Gerber mènent l'enquête.

S'agissant de Chet, poète essentiel, musicien, beau gosse qui aurait pu devenir paysan, qui est allé aussi loin que possible sans en mourir de suite dans la connaissance des gouffres de l'héroïne, cet examen est encore façon de parler de musique.

Alain Gerber a du souffle, de la réponse, de la voix, de l'énergie à revendre. Sa phrase en témoigne. A de rares exceptions près (Monk, Bird, Mingus), les musiciens, les grands musiciens de l'ère moderne en particulier, se désignent entre eux par leurs prénoms (Miles, John, Elvin, Max, Sonny). Il n'est pas rare, ces jours-ci, que le simple pékin se croie autorisé à le faire.

Le titre de Gerber, Chet, a déjà ce sens. Son livre n'est pas une biographie linéaire. C'est une mosaïque de voix, de témoins, de commentateurs, de femmes, d'hommes qui raconteraient Chet à travers Gerber : Gerber, mémoire, plaque sensible, conteur africain des voix des autres. Un grand livre, assurément."

Francis Marmande

04:49 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

17/07/2019

Gary Snyder, traduit par Olivier Delbard : "Montagnes et rivières sans fin", Editions du Rocher, 2002

Très incomplètement traduit en français, un poète de la Beat Generation, né en 1930, Gary Snyder, que je vous laisse découvrir. Dans son livre paru en 1996, dont est extrait le poème qui suit, Rivers and Moutains Without End, il passe de l'Orient à l'Occident, se référant pour l'exalter à l'Ouest sauvage de sa jeunesse :

 

Assis en tailleur sous la tente basse,
faible lumière, après dîner,

 

buvant du thé. Nous vivons
dans le vieil Ouest aride

 

soulevons nos chemises peau nue
approchons-nous              les lèvres se touchent -

 

gestes de toujours.
Après l'amour, poèmes, poésie,

 

toujours nouveau, la même substance
vie après vie,

 

comme si Milarepa
avait quatre fois construit une tour de pierre

 

et qu'à chaque fois c'était comme la toute première.
Notre amour se mêle aux

 

Rochers et rivières

 

Gary Snyder

10:22 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

15/07/2019

Jean Laude (1922-1984) : "sur le chemin du retour", éd. Club du poème, 300 ex., Bonneville, novembre 1967

Un livre peu souvent cité de l'auteur des "Plages de Thulé", le mystère y règne et l'on songe à Georges Limbour.
Voici un extrait de ce récit, dédié à l'auteur tchèque Zdeněc Lorenc. De la poésie, assurément (en prose), avec le plaisir tout personnel cette fois de revivre par la pensée les marches estivales effectuées dans les massifs alpins : de hameaux - parfois vidés de leurs âmes - en villages, depuis les pentes du Brévent jusques à celles de la Grande Sassière... [Une autre histoire, pardonnez-moi]. En amitié, Daniel Martinez

LAUDE  BLOG.jpg

La lampe de celui qui écrit est toujours la première que voit le voyageur, lorsque, de nuit, ayant pris son bâton et son havresac, il s'engage d'un pas prudent sur le chemin du retour. A la chaude saison, l'aube se lève dès que le regard distingue, au loin, la masse confuse de la forêt. Comme si la joie d'une promesse était insoutenable, le ciel déjà très pâle devient blanc, d'un seul coup. L'on ne voit pas encore le lac, masqué par un éperon rocheux entièrement nu (et rouge). Un oiseau lance le premier cri. L'air bleuit. D'abord transparent, l'azur est de plus en plus soutenu. A l'orée éclatante de la forêt, le soleil tient sous son erre le pays tout entier. La mousse est parsemée de taches claires, immobiles : nulle feuille ne tremble. Nous avançons calmement, comme on glisse dans la mer. Gravie la pente roide du ravin, l'odeur des fleurs et des herbes sauvages se fait plus insistante. Alors s'espacent les chants alternés des oiseaux. Il y a le silence. La nuit. La lampe de celui qui écrit est toujours la dernière que voit le voyageur lorsqu'il reconnaît désormais sa tentative vaine et, une fois encore, fermé le chemin du retour. Une ombre légère passe dans les ténèbres et attarde, à travers la fenêtre engivrée, un regard que rien n'apaise. Celui qui écrit entendra bientôt s'ouvrir une porte, une femme crier. A ce que l'on prétend, jamais les loups ne franchissent le sentier qui marque la limite du village, qui coupe, un peu plus loin, la route bordée de statues...


Jean Laude

22:11 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)