24/06/2020
"Les XXXX suivis de Trente-neuf Quatrains", de Mathieu Bénézet, éd. Comp'Act, juillet 1989, 96 pages, 68 F
XVII.
étranger dans la chambre l'instant c'est moi
même tremblant bouche l'obscure
un instant à côté de la fenêtre ah
la dernière phrase avec le sang du rêve
qu'ai-je me cachant près du sommeil ourlet
d'une mémoire telle est la fin dans le vent du vent
XVII.
et brusquement le chemin brisé si proche
une fleur de cécité dans le fond abandonné
fragile écart coloré de rythme faiblement
dans le malheur lenteur qui n'est pas encore
l'instant où les fragments en silence se penchent
tout au bord de la rive où ils nous laissent sans
signe
Mathieu Bénézet
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23/06/2020
"Dans les jardins mouillés", Francis Dannemark, éditions Cadex, collection L'Anthrope, septembre 1995, 32 pages
La poésie est ailleurs
La poésie est ailleurs, je l'ai perdue, parfois il me revient que je voyais, au bout du jardin quand la nuit va s'y poser comme un engin, des choses que je ne distingue plus. Myopie, ou alors c'est moi qui suis ailleurs, j'ai plusieurs montres, je sors de mes rêves au matin comme d'un opéra en flammes et je marche sans cœur dans les rues décorées d'un bout à l'autre de l'année pour des fêtes futiles. J'y tiens mon rôle.
Aux fenêtres, la pluie balance des messages vite perdus. Il est interdit d'entendre les voix qui parlent de vertige, de fuite, d'amour malgré tout. Il est interdit de caresser la mort. Marcher dans les jardins mouillés, oui. Vingt pas et demi-tour.
Je connais l'effet noir du café et je compose à l'aube un poème lyophilisé. Jeunes, nous l'avons été. Dans une vie lointaine, qui a peut-être été la nôtre. Depuis lors le ciel a changé de place et de couleur, nous portons des lunettes sombres et la terre, de loin, on dirait la lune.
Francis Dannemark
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22/06/2020
"Les bois calmés", de Pierre Voélin, éditions La Dogana, 12/9/1985, 92 pages
Seuls à deux pas du gouffre - toi et moi
accomplissant le vœu de la bruyère
Toi seul à l'abri - quel biseau retaille tes orbites
Les jours qui aiment à se tenir immobiles
les jours sur leurs talons calcinés
Je me penche pour cueillir l'herbe guérisseuse
Pas de place aux oracles
Au ciel claque le linge de l'orage
Nous pressentons les désastres
Pierre Voélin
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