241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/06/2020

"Comment trouver comment chercher", Emmanuel Moses, éditions Obsidiane, 14 octobre 2012, 400 ex., 88 pages, 14 €

Un poète qui lui aussi a participé à l'aventure de Diérèse, c'était la première fois qu'il publiait en revue d'ailleurs. Une voix tournée vers l'être intérieur, son chant, jamais éloigné du sens, mais à lui conjugué. Si Emmanuel Moses nous donne à lire sa vie comme celle des autres en transparence, ce n'est pas pour enclore son dire derrière des mots ou des vers mais afin de déployer l'éventail de nos existences dans la lumière jeune et le théâtre des saisons, aux reflets de la braise intérieure :



Déjà au milieu du couloir
       ou de couloirs qui se succèdent
ta voix n'est plus ta voix
qui rêve de nous deux ?
La château a disparu avec les jardins
tu traînes ta nuit et un cortège de danseuses
tu aimerais marcher pieds nus
la vapeur exhalée par la terre s'engouffre elle aussi derrière toi
il y a des portes bleues de tous côtés
tes pas ne faiblissent pas dans la distance
le temps de l'adieu est le temps du souvenir
l'obscurité se remonte à contre-courant ainsi que le silence...
beaucoup d'anges tourbillonnent sur le seuil
une armée de symboles au large du monde
avant l'élévation
donne-moi ce qui revient
(que ce qui n'a pas de nom reste sans nom)
ce que tu n'as pas vu
                  ni su
                  ni respiré

 

Emmanuel Moses

06:59 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

31/05/2020

"La Chasse infinie et autres poèmes", Frédéric-Jacques Temple, Poésie/Gallimard, 2020, 368 p., 9,50€

Du doyen des poètes français, au gré des quatre vents, comme à l'ombre de ses mains sur la page, tout un univers lové là sous nos yeux s'anime :

La mer sauvage

A Jean-Guy Pilon.


J'ai pris la foëne et le harpon
au-delà des forêts, des lacs sans nom,
des mille rivières,
dans une mince pirogue de tremble
qui me berçait.


Je me suis réveillé sur la plage
immense et vide de la Mer sauvage,
où dans les sables bat encore
le cœur rebelle
de mon requin,
sous le soleil furieux
qui sonnait à grands coups
dans ma tête,
tandis que je tirais sur le filin,
et mon fer plongeait avec le fauve
dans l'eau verte bouillonnant
comme des entrailles.


En ce jour couleur d'apothéose
je titubais sur le gaillard d'avant
dans les giclées d'écume et les semonces
de la Bête innommable
hérissées d'anciennes ferrailles,
de grappins, de crocs inimaginables
et de trente harpons rouillés
que je ne cesse en rêve de lancer
sur le squale de mon enfance dans une rage
      inguérissable.

 

Frédéric-Jacques Temple

 

FAREINHEIT BLOG.jpg

09:43 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

30/05/2020

"Registre", de Robert Marteau, éditions Champ Vallon, 1998, 240 p., 20 €

Un arbre éperdument jette ses bras au ciel
Car le lierre à la longue l'a étranglé :
On le voit qui voudrait à tout prix s'agripper
A tout ce qui passe en fait de nuages, brumes,
Mais il ne saisit rien, et c'est l'insaisissable
Qui s'empare sournoisement de lui, l'évide,
Le point de l'écorce au cœur sans que compatissent
Pour autant les étourneaux qui viennent en bandes
S'y poser, y sifflant et modulant leurs notes,
Surtout quand le soleil descend, visible ou non,
Et qu'il va faire nuit. Et quand toutes les choses
Seront dans le noir, il sera encore là
De tous ses rameaux morts mêlés à l'univers
Dans la proximité des constellations.


La Plessis-Bourré, samedi 18 septembre 1993.

 

Robert Marteau

05:02 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)