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24/09/2020

Mon second chantier estival : Diérèse 79, 320 pages, 15 €

Bonjour à toutes et à tous,

Comme vous l'avez compris, je n'ai pas chômé cet été. Cette saison est pour moi d'ailleurs l'occasion de retrouver mes marques, n'appréciant guère les mouvements de foule ordonnés vers la grande bleue, en particulier (et pour solde de tout compte). Chacun l'entend librement à sa manière bien sûr ; mais disons que dans le domaine, j'ai déjà donné...

Revenons à la revue, à Diérèse précisément : ce numéro 79 est essentiellement consacré à la poésie, comme vous pourrez en juger à sa sortie. Pour vous en avoir déjà touché un mot, je ne reviendrai pas sur la poésie internationale, partagée entre la langue américaine, chinoise, allemande, avec comme traducteurs, respectivement Jean-François Sené, Guomei Chen et Joël Vincent, ce pour les 50 premières pages.

Viennent ensuite les poètes "de chez nous", avec 3 Cahiers : en bref, et sans vouloir prétendre à la moindre exhaustivité, Lionel-Edouard Martin rend hommage à son père, décédé l'an passé, Alain Duault dérive sur la rivière des neuf dragons, Paul Cabanel contemple un "Bouquet de presqu'îles / Coiffé de vents et de légendes", Pierre Dhainaut souligne à juste raison qu'"Il y a forcément plus que des mots / à travers un poème et plus que nous", Emmanuel Merle voit dans "La promesse et le nostalgie / les deux faces d'une même pièce". Poème, quand tu nous tiens...

Suivent deux récits, l'un de Bernard Pignero, l'autre de Daniel Abel. Puis les "pleins feux" sur trois auteurs : Jean-Paul Bota, Béatrice Marchal et Armand Robin.
Dans le quatorzième "Tombeau des poètes", Étienne Ruhaud s'attache à décrire ce que fut la vie de Jean Gaudry (1933-1991).

Les "Bonnes feuilles" comptent 49 pages de critiques, sur lesquelles je reviendrai un autre jour.

Pour l'heure, voici la première (Pacôme Yerma) et la quatrième de couverture (Corina Sbaffo).
Merci à vous tous, qui permettez à ce numéro 79 d'être ce qu'il est, en ses plus beaux atours !

Belle journée et à bientôt. Amitiés partagées, Daniel Martinez

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23/09/2020

"Il est cinq heures / Paris s'éveille..."

Bonjour à toutes et à tous,

Je vous ai laissés quelque temps pour me consacrer à deux importants travaux. D'une part, la patiente mise en pages du dernier né des éditions Les Deux-Siciles, intitulé "Si profonde est la forêt - Anthologie de la poésie des Tang", dans une traduction de Guomei Chen. L'ouvrage, unique en son genre, compte 280 pages ; il a été préfacé par un ami, Pierre Dhainaut et, je l'espère, connaîtra le succès que mérite ce type de publication.

Il innove en ce sens que chaque auteur(e) est soigneusement présenté(e), ce qui n'avait jamais été fait jusqu'alors, et pour cause : il faut en effet se référer aux archives chinoises et le labeur s'avère dans certains cas complexe... Le choix des poètes retenus a été élargi, il ne porte pas que sur des hommes, car il existe bien en effet une poésie tang féminine, passée le plus souvent sous silence. D'autre part, les textes sont en bilingue, ce qui permet au sinologues de juger de la qualité de la traduction. Là encore, bien des surprises dans le travail effectué jusqu'alors par mes confrères sur le même sujet, j'entends la traduction de la poésie chinoise !
On a pu lire ainsi, au fil de leurs pages, des cieux devenus émeraude alors qu'il s'agissait simplement d'herbes ; du vin de chrysanthème devenir les fleurs que l'on connaît, la grue passant pour une oie sauvage, une planche à laver le linge troquée contre une coiffeuse (plus romantique), des confusions entre le calendrier grégorien et le chinois... (etc) ; et un manque de notes évidentes, rendant à peu près incompréhensibles certaines allusions. Bref, n'insistons pas, j'en deviendrai blessant.
Soulignons plutôt que la poésie tang est tout en allusions. Et qu'il convient de savoir la lire entre les lignes.

Je ne puis résister ici au plaisir de vous faire découvrir ces quatre vers de Li He ou Li Ho (790-816), dont le nom de courtoisie est Changji (page 206) :

"... En septembre, les rizières sauvages poussent un peu partout ;
sur un sentier détourné, les vers luisants s’envolent au jugé.
Suintant des fissures de la roche, l’eau de source perle dans le sable ;
un feu follet, tel une fleur vive, embellit le bois de pins."

Tout est dit là ! et en particulier cet amour de la nature qui conduisit beaucoup de ces poètes à se retirer dans la montagne pour y vivre du plus simple, en ermites. Les honneurs dès lors, ne les regardent plus.
Je terminerai pour aujourd'hui avec Li Ye (v.730-784), en page 210, une poétesse et nonne taoïste de la dynastie Tang. Elle finira ses jours exécutée à coups de bâton sur ordre de l'empereur Denzong, pour trahison. Dix-huit de ses poèmes seulement nous sont parvenus, la majeure partie de ce qu’elle a pu écrire ayant été perdu. En voici un, inédit en français, il va sans dire :

Les huit extrêmes

"Rien de plus proche et de plus lointain que la distance entre l’est et l’ouest.
Rien de plus pénétrant et de plus illusoire que le fond d’un ruisseau clair.
Rien de plus haut et de plus lumineux que le sont le soleil et la lune.
Rien de plus intime et de plus éloigné que les relations au sein d’un couple."

Mon deuxième chantier, depuis hier en début d'après-midi entre les mains de l'imprimeur, est Diérèse 79, comptant 320 pages, dont 200 de poésie française et étrangère, j'y reviendrai...
Portez-vous bien, par ces temps d'infortune. Et surtout, ne cédez pas à la peur, cette peur collective qui nous ferait rejeter l'autre, sans autre forme de procès. La vie est bien trop courte pour qu'on se la gâche, sciemment ; goûtons-la pour ce qu'elle est, malgré tout, sans pour autant se mettre en péril, j'entends bien. En toutes circonstances, sachons raison garder.
Amitiés partagées, Daniel Martinez

Plus bas reproduites, la première de couverture, maquettée par Xavier Makowski, illustrée par Pacôme Yerma. Merci à eux, ils embellissent la création. Pour information, le livre est en vente au prix de 25 €, prévoir en sus 5 € de frais de port. Il sera présenté au Marché de la poésie, place Saint-Sulpice à Paris, du 21 au 25 octobre, au stand 425/427. Bienvenue à tous. A bientôt.

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21/09/2020

Une page de mon dernier livre pauvre

Si froides les feuilles
contre tes joues
des visages
raturés
montent
lacis de vibrations
graphiées
ou
sismographiées
elles faufilent
l'indocile essaim
dans la clarté
du jour
intérieur
une source
lactée
sous les paupières
à l'impériale splendeur
le "Portrait de Rose-Adélaïde"*
paru dessous
l'alphabet incohérent
du monde
Seurat
aux trousses
des voleurs d'utopie
ses yeux te
fixent

où l'éther
inscrit son filet
arachnéen
rumeur ruisselante
de ces instants
comme poussière
au soleil


DM


* Le fameux "Portrait de Rose-Adélaïde" est visible au Musée d'Orsay, peint par Degas en 1868 ou 1870 (27 x 22 cm). L'un des plus beaux portraits de la Peinture que je connaisse : la carnation de ce visage, la limpidité de son regard, la distribution des brillants de l'épiderme, tout en fait une œuvre exceptionnelle, que j'ai voulu ici célébrer à ma manière.

19:33 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)