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16/04/2020

"Le front contre la vitre", Paul de Roux, éditions Gallimard, 13 avril 1987

Le front contre la vitre


Le front contre la vitre
cherchant à rafraîchir, quoi ?
Peut-être pas seulement son front
mais le monde en soi comme un lac
qui a été troublé et ne reflète plus
que des images disloquées, embouées
quand plus profond, est-ce illusion ?
on entrevoit une image nette et pure
comme en gage d'une promesse
à laquelle on craint d'être infidèle avec le temps.


                                                                                       25 III 84

Paul de Roux

07:52 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

12/04/2020

"Comme un bruit de source - poèmes", de Xavier Bordes, éd. Gallimard, 18 mars 1998

A Rainer Maria Rilke


Ô plus chères que tous les rêves, Roses de la nuit !
Paupières pures closes, comme, douces, d'une Endormie,
songeait le poète, sur l'invisible qui dans l'air, odorant soliste,
multiplie les harmoniques, éveille la mémoire,
appelle à son destin, solennel, dérisoire, le poème
comme un parfum qui chercherait dans une haleine
de reine amoureuse, en mots, à s'incarner ! Roses
de la nuit, ô plus pénétrantes que les nostalgies,
plus fugaces mais plus obstinées que les écumes nées
des hanches du soleil et de l'éclat du sel ! Pensées
que ne troublent ni les séductions de l'espace, sites
des îles, golfes transparents, montagnes de l’Éclair et
pentes pastorales où le jury des oliviers chaque matin
murmure son verdict au paon de l'horizon, ni les
sortilèges du temps qui vient, passe, revient, repasse,
ainsi que ce mélange de houle et de siècles qui a
donné à tant de pierres... une rondeur d'épaule nue.

 

Xavier Bordes

09:03 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

11/04/2020

"Fondations", de Michel Camus, éd. Lettres Vives, mars 1987, 64 pages, 59 F.

L'instant est l'ange du silence. L'ange du regard nous a ouvert les yeux. Écoute sans oreille et regarde sans yeux. Le regard du regard nous fermera les yeux.



Entre le silence des dieux et la chair, entre l'écriture et l'amour, entre l'art et la sagesse, entre le ciel et la terre, il y a crucifixion de soi, crucifixion du Vide :

on s'en approche en s'éloignant de soi.



La langue, les autres, la vie, le monde que l'on ramène à soi : douleur insoluble !

(Celui qui cherche la mort, disait-il, est prisonnier de soi)



Au bord de l'eau, une minuscule déesse mère d'il y a dix mille ans. L'homme qui la ramasse la regarde sans la voir et la rejette à l'eau.

Le regard de l'homme, disait-il, est prisonnier de l'homme. Seul le regard sans yeux n'est réellement délivré de l'homme-et-des-dieux que s'il est réellement relié à la Vacuité divine sans l'homme et sans dieux.

(L'énigme, se dit-il, nous travaille sans se nommer)



Il s'origine dans l'absolu, disait-il du sentiment de l'absolu. On n'est pas soi. N'étant pas soi, on ne peut se fonder sur soi.

Il y a la vie, disait-il, là où il y a silence, où l'on vit dans la conscience de l'absolu sans être dans le sentiment de soi.

On n'est pas soi, disait-il, là où il y a conscience absolue du silence de soi. Du soi-silence : racine de soi à qui l'on s'offre les mains vides et sans mot.

(On n'est jamais soi, se dit-il, que dans l'absolu où l'on n'est pas soi)

 

Michel Camus

21:36 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)