20/10/2020
"Géant des profondeurs", Angel Guerra et Michel Segonzac, éditions Quae, 144 pages, 18/11/2014, 20 €
A propos du calmar géant
Le calmar géant fait partie des derniers mystères de la planète. Michel Segonzac, l'un des deux auteurs de Géant des profondeurs, attaché honoraire au Muséum national d'histoire naturelle, s'est entretenu sur le sujet avec Audrey Chauvet mercredi 11 mars 2015, lors d'une conférence à l'Institut océanographique, à Paris :
Pourquoi les scientifiques s'intéressent-ils au calmar géant ?
"C'est le plus grand invertébré de la planète, et aussi le moins connu. Les Japonais ont réussi à le filmer pour la première fois dans son milieu naturel en 2012. On le connaissait depuis l'Antiquité, il y avait des mythes autour de cet animal, mais il a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour être sûr qu'il était réel.
Que reste-t-il à découvrir sur lui ?
Son comportement, sa physiologie, quelles sont ses proies et ses prédateurs, comment il se reproduit, comment il vit dans des milieux obscurs... C'est un animal sur lequel on sait encore très peu de choses, même si a priori c'est l'animal qui a le plus gros œil, avec 25 cm de diamètre, soit la taille d'un ballon de football. Son bec énorme lui permet de déchiqueter ses proies.
Pourrait-il y avoir d'autres grands animaux inconnus dans les profondeurs des océans ?
Les espèces de grande taille en général ne nous échappent pas, mais quand on voit l'étendue des grands fonds et le peu qu'on a exploré, on n'est pas à l'abri de surprises. Il pourrait exister un animal de légende, un poulpe gigantesque de plusieurs dizaines de mètres.
Pour les animaux de petite taille, on est sûr qu'on peut encore trouver des espèces nouvelles. On estime aujourd'hui qu'on a identifié 260 000 espèces marines et qu'il en resterait 1 500 000 à découvrir."
Michel Segonzac
Au fil de ces pensées, qui pour moi touchent à l'onirique, cette phrase de Thomas de Quincey me revient, sans crier gare :
"L'organe du rêve, conjointement au cœur, à l'œil et à l'oreille, compose le magnifique appareil qui force l'infini à rentrer dans les chambres du cerveau humain." Il me plaît d'imaginer que le rêve vigile se cultive, s'entretient comme un domaine réservé où l'on entre paré de ses chimères. Et que l'aura qui l'enveloppe le protège des incursions d'un réel trop pesant. Fuite, m'objectera-t-on, quand il ne s'agit que de se recomposer, sans se perdre pour autant ; mais encore de refuser de se dissoudre dans le monde. DM
03:54 Publié dans Auteurs, Curiosités | Lien permanent | Commentaires (0)
19/10/2020
La lente dérive du "petit luminaire", autrement dit : la lune.
"Je vous le répète, la distance de la Terre à son satellite est réellement peu importante et indigne de préoccuper un esprit sérieux. Je ne crois pas trop m'avancer en disant qu'on établira prochainement des trains de projectiles, dans lesquels se fera commodément le voyage de la Terre à la Lune." N'en déplaise à Jules Verne qui, en 1865, met ces propos optimistes dans la bouche d'un des héros du roman De la Terre à la Lune, n'en déplaise à Cyrano de Bergerac qui, deux siècles plus tôt, voulait se couvrir de rosée pour que la force actionnant les marées océaniques l'emporte vers la planète sélénite, n'en déplaise à Edgar Poe qui envoyait Hans Pfaall conquérir la Lune en ballon, les charters pour notre satellite n'ont pas encore été institués.
La faute à l'attraction terrestre, mais aussi, quoi qu'en dise Jules Verne, à la distance qui nous sépare de ce qui est nommé, dans la Genèse, le "petit luminaire", celui qui, par comparaison avec le "grand luminaire" - le Soleil -, préside aux nuits : 384 400 kilomètres en moyenne. En moyenne seulement, car les attractions conjuguées du Soleil et de notre planète pas vraiment ronde - sans compter celles des autres planètes - déforment sans cesse l'ellipse théorique que devrait emprunter la Lune si la Terre et elle étaient seules au monde. Au périgée, la planète sélénite se trouve à 358 842 km de la Terre ; elle peut s'en éloigner jusqu'à 405 758 km.
Inexorablement, le couple que forment la Terre et son satellite se distend. La friction des océans sur le fond, due aux incessants mouvements de marée, se traduit par un ralentissement de la rotation terrestre et une augmentation de la durée du jour d'environ 30 secondes par... siècle. "L'effet de ce ralentissement est transmis au moment cinétique de l'orbite lunaire", écrivent Nathalie Cabrol et Edmond Grin dans le "Que sais-je ?" consacré au sujet (P.U.F. n°875). Pour être plus concis, notre satellite s'éloigne de nous à raison de 3 centimètres par an.
06:10 Publié dans Clin d'oeil | Lien permanent | Commentaires (0)
17/10/2020
"Transition pourrait être langue", de Marie de Quatrebarbes, peintures de Michel Braun, éditions Les Deux-Siciles, juillet 2013 (15 €)
Il y a derrière chaque livre publié une histoire ; un élément déclencheur, ce fut en tout premier lieu la publication par l'auteure de quelques poèmes dans Diérèse, qui demandaient une suite, pris qu'ils étaient dans le cours de leur avancée.
... Ici et là, une agilité de la langue, zébrée de subtiles indécisions comme autant d'aveux venus affleurer, déniant la page. A la mesure et au canevas des mots, ponctués par l'horloge légère de l'être.
Un livre imprimé à Bayeux, en offset, à 400 exemplaires :
"Pointes des idées, comme gouttes
cette griserie si vivante
dont on ne dira rien, qu'elle est
intarissable"
Dans ce qui pourrait être une postface, appelée ici "Incursion", Caroline Sagot Duvauroux souligne :
"Quelque chose plane. Une idée ? mais c'est comme l'onde. Ça n'aborde pas. Ça plane."
Des têtes de série sont toujours disponibles, entées d'une peinture originale de Michel Braun (des ajouts picturaux du plasticien sur la couverture). Un beau travail d'édition.
03:01 Publié dans Les Deux-Siciles | Lien permanent | Commentaires (0)