23/06/2020
"Dans les jardins mouillés", Francis Dannemark, éditions Cadex, collection L'Anthrope, septembre 1995, 32 pages
La poésie est ailleurs
La poésie est ailleurs, je l'ai perdue, parfois il me revient que je voyais, au bout du jardin quand la nuit va s'y poser comme un engin, des choses que je ne distingue plus. Myopie, ou alors c'est moi qui suis ailleurs, j'ai plusieurs montres, je sors de mes rêves au matin comme d'un opéra en flammes et je marche sans cœur dans les rues décorées d'un bout à l'autre de l'année pour des fêtes futiles. J'y tiens mon rôle.
Aux fenêtres, la pluie balance des messages vite perdus. Il est interdit d'entendre les voix qui parlent de vertige, de fuite, d'amour malgré tout. Il est interdit de caresser la mort. Marcher dans les jardins mouillés, oui. Vingt pas et demi-tour.
Je connais l'effet noir du café et je compose à l'aube un poème lyophilisé. Jeunes, nous l'avons été. Dans une vie lointaine, qui a peut-être été la nôtre. Depuis lors le ciel a changé de place et de couleur, nous portons des lunettes sombres et la terre, de loin, on dirait la lune.
Francis Dannemark
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22/06/2020
"Les bois calmés", de Pierre Voélin, éditions La Dogana, 12/9/1985, 92 pages
Seuls à deux pas du gouffre - toi et moi
accomplissant le vœu de la bruyère
Toi seul à l'abri - quel biseau retaille tes orbites
Les jours qui aiment à se tenir immobiles
les jours sur leurs talons calcinés
Je me penche pour cueillir l'herbe guérisseuse
Pas de place aux oracles
Au ciel claque le linge de l'orage
Nous pressentons les désastres
Pierre Voélin
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21/06/2020
"Paysage en cours", Paul de Roux, Atelier La Feugraie, 11 juin 2000, 56 pages, 50 F
AU PARC MONTSOURIS
Avec le vent, un long bruissement de feuilles
qui glissent encore un peu après être tombées
- les voici aussi sur le banc, un moment,
puis enlevées et bientôt dispersées.
Les ginkgos, tels des cierges éclatés
et de leurs flancs jaillissent des flammèches d'or.
Plus loin, des roux, des pourpres, des jaune-orange
et le repos des grands pins de l'Himalaya.
A nouveau se découvrent les nids, ici et là,
dans les plus hautes branches, et cela fait froid
plus encore que le vent sur les mains nues.
Paul de Roux
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