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09/07/2020

"Des nuages et des brouillards", Emmanuel Hocquard, éd. Spectres Familiers, été 1985, 40 pages, 60 F

Lucrèce écrit que les maladies se propagent "comme les nuages et les brouillards (nubes nebulaeque)"


La rumeur des livres est dans ce remous. Circulation des traces, d'un lecteur à l'autre. Une morsure réitérée. Un remords.


Pour celui qui est dans la rumeur des fables, la rumeur du monde est un fablier. Un recueil de légendes. Pour celui qui est dans la rumeur du monde, la rumeur des livres est du vent.


Celui qui écrit a une oreille dans la rumeur du monde et une oreille dans la rumeur des livres. Sa tête est pleine d'échos et de songes creux. En écrivant, il cherche le silence. Il porte seulement sa part de vent au moulin des rumeurs.


Celui qui lit est dans le brouillard. Il se guide sur des échos. Il prend des vessies pour des lanternes.


Celui qui lit a un œil sur le monde et un œil sur la fable. Il n'y voit que du bleu. Son œil est une oreille qui recueille le bruit de l'océan dans un coquillage vide.

 

Emmanuel Hocquard

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07/07/2020

"Fragments nocturnes pour une chanson d'aube", de Michel Passelergue, avec 5 photos de l'auteur, éd. du Petit Pavé, sept. 2018, 72 p., 8 €

Elle est partie sans un mot. L'orchestre achevait de se dissoudre en symphonie involontaire. Le rideau a replié ses ailes sur le silence et la poussière. Je suis resté devant mes brouillons hasardeux, d'anciennes élégies fermées à double tour, quelques cartes muettes, un écran aux lendemains enneigés. Le temps, émondé de l'intérieur, ne respirait plus. Alentour, les chambres d'hôtes semblaient désertées. L'ascenseur, muet à tous les étages, m'a ouvert le chemin encore suivi par les ombres, à la périphérie de cette cité engourdie dans l'oubli de ses veilleurs. Une lumière vacillante, au bout de la rue, m'a fait signe. Je suis entré. La boutique regorge de vieux volumes, manuscrits, documents, coupures de journaux. J'ai feuilleté longuement les répertoires, les annuaires périmés, carnets d'adresses, notices nécrologiques, photographies mondaines sur papier glacé, - aucun indice sur sa disparition. J'ai ouvert un Abrégé de l'absence : confronter l'avers et l'envers de chacun des mots qui me manquent me permettrait, au mieux, d'apostropher le vide. A l'aube, plus rien que ces images d'un mauvais rêve.

 

Michel Passelergue

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03:46 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

02/07/2020

"La Maison des mémorables", de Jean-François Rollin, éd. Champ Vallon, février 1989, 160 p., 92 F

Ô splendeur calme,
limpide regard des statues,
pluie de roses sur la ville
à son réveil,
lorsqu'il s'en retourne dormir,
les rideaux s'interposent,
et c'est tout l'espace qui revient,
blondeur légère au-dessus des avenues marines
tirées vers le grand lieu hauturier et mobile
où le soleil commence.


Sur la cheminée,
verrerie gracile,
est posée la carafe.
D'une telle transparence,
l'instant d'un éclat,
multiples mouvances au plafond,
ciel éphémère inventé par le matin,
pâle et rose nue bouclée,
c'est le vent sur son erre
sous l'éther surgi du chiffre.

 

Jean-François Rollin

 

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